Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site
Dossier : Les langages de la transition

Écologie Les mots justes

© Marine de Francqueville
© Marine de Francqueville

Éternelle arlésienne ? Aveu d’impuissance ? Tigre de papier ? La « transition écologique » s’invoque à tout va et tous vents. La girouette tourne aussi vite que les esprits déboussolés par le réchauffement climatique et ses effets. Faut-il s’y adapter ou, à défaut, l’atténuer ? Tout changer, mais quoi ? À moins qu’il ne soit déjà trop tard. Pouce ! Mettons déjà ce « tout », ou le plus possible, en débat. Cette 400e édition de la Revue Projet tient du pari de Pascal.

Dans ce vaste orchestre d’une humanité confrontée à ses propres limites, la partition de la « transition écologique » connaît bien des dissonances. Pis, on s’accuse mutuellement de fausser l’harmonie. Le Giec1 « exagère ». Les mouvements écologistes sont des « Khmers verts punitifs ». Les solutions seraient « sur la table », mais les gouvernements – à commencer par ceux des pays riches – « ne font rien ». Quant à la société, malgré les changements de comportements individuels, elle n’est pas « prête ».

Les formules éculées noient les désaccords. Elles éludent les grammaires à l’œuvre chez les différents acteurs (scientifiques, politiques, instances internationales, ONG, société civile, etc.). Ce faisant, elles hypothèquent ce langage commun sans lequel la transition écologique se réduit à la coquille vide ou au vœu pieux. La transition ne mènera nulle part si un juste horizon ne lui indique un chemin. Juste horizon qui commence par des mots justes.

Tel est le pari de notre revue centenaire et alerte, engagé avec l’Ademe, l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), le Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired) et la Fondation Terre solidaire : discerner pour comprendre et comprendre pour agir. Discerner ce que les formules les plus courues disent ou taisent. Ensuite, comprendre ce que des mots font faire (ou non). Enfin, promouvoir à partir des langages de chacun – la science évalue, les ONG alertent, les politiques décident – des consonances pour refaire société.

Dans les articles ou entretiens qui suivent (à retrouver pour certains ici-même en podcast), les scientifiques, observateurs et acteurs sollicités ne dissimulent pas leurs propres biais de langage. Au contraire. Transition bien ordonnée commence par soi-même et invite à interroger des événements révélateurs, comme les Gilets jaunes ou la gronde des agriculteurs, et même le discours des climatosceptiques. De même, la transition tant espérée ne doit contourner aucune réponse à tout ce qu’elle remet en question (démocratie, sécurité, travail, mobilité, habitat, etc.). C’est à ce prix que nous pouvons la faire nôtre.

Sommaire du dossier

1. Ce que les mots font dire

2. Ce que les mots font faire (ou pas)

3. Pour un langage commun

Les plus lus

Les Marocains dans le monde

En ce qui concerne les Marocains, peut-on parler de diaspora ?On assiste à une mondialisation de plus en plus importante de la migration marocaine. On compte plus de 1,8 million de Marocains inscrits dans des consulats à l’étranger. Ils résident tout d’abord dans les pays autrefois liés avec le Maroc par des accords de main-d’œuvre (la France, la Belgique, les Pays-Bas), mais désormais aussi, dans les pays pétroliers, dans les nouveaux pays d’immigration de la façade méditerranéenne (Italie et ...

L’homme et Dieu face à la violence dans la Bible

Faut-il expurger la Bible ou y lire l'histoire d'une Alliance qui ne passe pas à côté de la violence des hommes ? Les chrétiens sont souvent gênés par les pages violentes des deux Testaments de la Bible. Regardons la Bible telle qu’elle est : un livre à l’image de la vie, plein de contradictions et d’inconséquences, d’avancées et de reflux, plein de violence aussi, qui semble prendre un malin plaisir à multiplier les images de Dieu, sans craindre de le mêler à la violence des...

Un héritage tentaculaire

Depuis les années 1970 et plus encore depuis la vague #MeToo, il est scruté, dénoncé et combattu. Mais serait-il en voie de dépassement, ce patriarcat aux contours flottants selon les sociétés ? En s’emparant du thème pour la première fois, la Revue Projet n’ignore pas l’ampleur de la question.Car le patriarcat ne se limite pas à des comportements prédateurs des hommes envers les femmes. Il constitue, bien plus, une structuration de l’humanité où pouvoir, propriété et force s’assimilent à une i...

Du même dossier

« Nous ne détenons pas toutes les clés »

Pointés du doigt face à l’enjeu écologique, les acteurs financiers ne peuvent néanmoins se substituer aux volontés politique et sectorielle. Comment des acteurs de la finance, et notamment une banque comme la vôtre, incorporent les injonctions ou décisions produites par le défi écologique ?Éric Campos – Rappelons que notre métier est de gérer l’épargne des particuliers et de faire en sorte qu’elle permette le financement de l’économie dans un cadre donné ...

Arythmie climatique persistante

Nombreux sont les achoppements entre hémisphères sur l’enjeu climatique, longtemps découplé de celui du développement. En cause : un multilatéralisme tronqué et des mécanismes financiers obsolètes. Sans engagement des pays en voie de développement dans des efforts de décarbonation, les objectifs de l’Accord de Paris resteront hors d’atteinte.La dernière COP28 n’a pu que constater le peu de progrès effectués pour les y ai...

« Le saut dans l’inconnu se précise »

La transition écologique est à la peine dans les pays occidentaux, qu’on on ne peut néanmoins taxer d’inaction. Les politiques publiques s’y heurent à l’exigence d’un profond changement de modèle. Entretien. Rognage du Pacte vert européen, normes environnementales revues à la baisse lors de la crise agricole, zones antipollution inégalement appliquées selon les villes… Les pays dits « du Nord » tiennent-ils un double discours face ...

Du même auteur

« Couper moins, mais plus régulièrement »

Inspirée par les écosystèmes forestiers eux-mêmes, la sylviculture mélangée à couvert continu propose un modèle durable, attentif à la biodiversité, aux sols et à la qualité du bois. Une approche encore minoritaire en France et en Europe. Comment fonctionne l’association Pro Silva ?Antoine Cadoret – Pro Silva est une association de forestiers (propriétaires, gestionnaires, professionnels et amis de la forêt) réuni...

« La forêt est avant tout un sol »

Par leurs actions, le Réseau pour les alternatives forestières et le fonds de dotation Forêts en vie promeuvent une gestion douce des milieux forestiers. Mais la culture des coupes rases a la vie dure. À partir de quels constats relatifs à l'état de la forêt et à la gestion forestière le Réseau pour les alternatives forestières (RAF) et Forêts en vie ont-ils vu le jour ?Nathalie Naulet – Le RAF existe depuis dix-sept ans. La structure a été créée par des professionnels de la ...

« Les non-chasseurs ne nous voient pas »

La traque-affût se distingue par sa discrétion, son efficacité et son impact positif sur les milieux forestiers. À rebours des pratiques traditionnelles, elle permet une nouvelle alliance entre chasseurs et forestiers. Pouvez-vous nous raconter comment tout a commencé en 1998 au Domaine du Bois Landry ?Bertrand Monthuir – Pour exploiter en France une forêt de plus 20 hectares d’un seul tenant, vous devez obtenir un agrément appelé « plan simple de gestion », qui vous e...

1 Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.


Vous devez être connecté pour commenter cet article
Aucun commentaire, soyez le premier à réagir !
* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules