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Nombreux sont les achoppements entre hémisphères sur l’enjeu climatique, longtemps découplé de celui du développement. En cause : un multilatéralisme tronqué et des mécanismes financiers obsolètes.
Sans engagement des pays en voie de développement dans des efforts de décarbonation, les objectifs de l’Accord de Paris resteront hors d’atteinte.
La dernière COP28 n’a pu que constater le peu de progrès effectués pour les y aider et énonce de façon très franche des conditions de déblocage, révélatrices de l’état d’esprit du Sud1 : priorité à sa mise en capacité de relever le problème via « un système économique international favorable à un développement soutenable » ; refus « de mesures constituant une discrimination injustifiée ou une restriction déguisée au commerce international » ; enfin, nécessaires « évolutions de rouages fondamentaux de l’économie conduites de façon non conflictuelle et non punitive ».
Les mots traduisent ici une ambiance de doute sur le multilatéralisme dans un contexte de tensions géopolitiques et de malentendus accumulés sur plus de trente ans. L’affaire climat fut, en effet, mise à l’agenda international lors d’un G7, en 1988, où George Bush-père et Margaret Thatcher proposèrent une « Convention Climat », trois ans seulement après les premières prédictions d’un réchauffement planétaire par des modèles climat tridimensionnels.
Présents à Rio en 1992, les pays du Sud ont imposé que la Convention Climat s’inscrive dans la perspective de développement soutenable.
Cette rapidité de réaction s’expliquait par des inquiétudes sur la sécurité énergétique après le contre-choc pétrolier de 1986, avec des prix du pétrole si bas qu’ils entraîneraient une dépendance accrue vis-à-vis de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). On partait donc d’une dynamique « occidentalo-centrée ».
Présents à Rio de Janeiro en 1992, les pays d
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