Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Monsieur Z. rêverait d’habiter une maison entourée de verdure, où il y aurait beaucoup de bois, des matériaux naturels et puis des animaux. « Mais c’est un luxe, tout le monde peut pas se permettre de vivre comme ça. » Monsieur Z. a la cinquantaine, les cheveux courts, des yeux gris-vert. Dans une autre vie, il a étudié les sciences du traitement de l’information dans une école d’ingénieur de Cergy. « J’ai connu les débuts d’internet en France. » Assis dans le studio qu’il occupe depuis trois ans dans une ville des Hauts-de-Seine, il se souvient de ses débuts ici.
Quand une dame du service social lui a dit qu’il y avait peut-être un appartement pour lui, il n’y a d’abord pas cru. Lorsqu’il s’installe ici, après dix ans d’expérience de la rue, il n’ose toujours pas vraiment y croire. « Ce qui m’a marqué quand je suis arrivé ici, au logement, c’est la boîte aux lettres. Je suis allé la voir trois ou quatre fois dans la journée. J’ai dit ‘Mon Dieu, j’y crois, j’y crois pas’. » Parce qu’une boîte aux lettres, quand on a passé des années dehors, ce n’est pas rien. « C’est reprendre le contact. On vous écrit, vous écrivez… »
Des meubles de son 20 m2, Monsieur Z. n’en a choisi qu’un seul. Les autres lui ont été donnés ou il les a trouvés. Il est arrivé avec deux valises, remplies en partie de livres et de DVD dégottés sur des brocantes. Le dictateur, de Chaplin, Le parrain, d’autres classiques du cinéma, un bouquin de Jean Vanier, des romans… Au rez-de-chaussée d’un immeuble de quatre étages, son studio donne sur un passage pavé, dominé par un arbre. Au début, il vivait « un pied dedans, un pied dehors ». « Les premières nuits que j’ai passées ici, j’ai eu du mal à ê
vous pouvez l'acheter à l'unité ou par Dossier
Pour accéder à cet article :
Revue-Projet.com offre l'accès gratuit aux articles de moins de 2 mois ou plus de 4 ans.