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L’image qu’une société a d’elle-même marque ses institutions et ses pratiques. comme le soulignent les travaux de Cornélius Castoriadis, Paul Ricœur et Charles Taylor.
Convoquer l’imagination en politique. La formule sonne comme une tentative désespérée de remobiliser des citoyens apathiques. De fait, l’injonction permanente à la créativité épuise. Le projet enthousiaste d’élargir le champ des possibles promet moins de rassembler qu’il ne risque d’étendre encore le spectre des divisions dans le corps politique.
Ce serait néanmoins présumer que l’instance imaginaire concerne seulement l’avenir à inventer. Or notre vie en société repose déjà sur les représentations que la société a d’elle-même. Parce que nous y sommes plongés, nous le mesurons bien peu. Mais, avouons-le, il faut une sacrée imagination pour considérer que nous sommes reliés à des hommes et des femmes que nous n’avons jamais vus et que nous ne verrons jamais. Nous nous imaginons pourtant bel et bien constituer avec eux une société civile ou un corps politique souverain, voire un public de consommateurs.
Trois philosophes contemporains, Cornélius Castoriadis (L’institution imaginaire de la société, 1975), Paul Ricœur (L’idéologie et l’utopie, 1986) et Charles Taylor (Modern Social Imaginaries, 2003), qualifient alors d’imaginaire social cette image qu’une société a d’elle-même. Elle relève d’un certain imaginaire du social, qui marque nos institutions et nos pratiques : celles-ci présupposent une certaine image de la société que nous faisons nôtre, à notre insu. Si l’imagination s’avère déjà là, à même notre vie sociale, à quoi cela nous invite-t-il ?
Castoriadis vise une « démocratie radicale », dans laquelle le social s’instituerait lui-même.
Castoriadis est connu pour avoir fondé avec Claude Lefort, en 1948, le groupe « Socialisme ou barbarie », avant de remettre en cause, dans les années 1960, ses allégeances marxistes. Pour autant, il n’a jamais aba
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