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Dossier : Journalisme. Zone démocratique à défendre

Journalisme Sous haute tension

© Bakal/iStock
© Bakal/iStock

L’amour dure sept ans, veut croire l’adage. C’est également l’échéance moyenne d’un désamour professionnel. Le journalisme use de plus en plus vite des carrières embrassées par passion ou vocation. L’attrait pour le métier ne se dément pas, alors que les motifs de découragement pour l’exercer se multiplient. Aussi disputée que décriée, la place du journalisme serait-elle condamnée ?

La Revue Projet, avec le Syndicat national des journalistes-CGT1, a choisi de décortiquer cette question sous trois grands angles. Le premier concerne une identité professionnelle, bousculée entre les imaginaires qu’elle nourrit et les conditions réelles d’exercice. La précarité se profile d’emblée pour les jeunes journalistes. Elle fait mentir les idéaux d’autonomie et de qualité informative convoyés par la révolution numérique.

Certes, le numérique a bouleversé les pratiques professionnelles jusqu’à irriguer des formations ad hoc. Certes aussi, Internet – et maintenant l’intelligence artificielle – amplifient les potentiels de recherche et de traitement de données, dont les usages restent à réguler. L’outil numérique constitue néanmoins un alibi commode à des reconfigurations de rédactions, justifiées par l’intérêt économique et le management, au détriment de la maîtrise collective de la production d’information. Pis, l’extrême polyvalence exigée des journalistes aboutit bien souvent à la dilution de leurs compétences.

Cette problématique en croise une deuxième. En cette époque en mal de représentativité, polarisée et imbibée de fake news, le journalisme souffre d’un net opprobre social. De fait, la profession est loin d’être représentative de la société qu’elle prétend refléter – même si les profils des jeunes journalistes en formation se diversifient lentement. Au-delà, c’est tout le fonctionnement d’un système médiatique que cette société questionne aujourd’hui. Les journalistes, souvent à leur corps défendant, en sont aussi les produits. Alors ?

De ce constat naît une chance, et c’est notre troisième point. Maltraités jusque dans leur intégrité physique ou entravés dans leurs capacités d’investigation, les journalistes se rappellent aux bons souvenirs des citoyens (qu’ils sont aussi). La récente affaire du Journal du dimanche (JDD) l’a montré. Elle fait écho à l’émergence, dans la douleur, d’une nouvelle galaxie de médias indépendants et de projets éditoriaux originaux. Preuve, s’il en est, de l’importance de préserver ce bien commun qu’est l’information, cruciale pour la vitalité démocratique.

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1 Tous les articles ici publiés n’engagent pas la position du syndicat.


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