Les technologies de l’intelligence artificielle (IA) font partie du quotidien des rédactions depuis plusieurs années, souvent sans que les journalistes en soient toujours conscients. Effectuer une requête sur un moteur de recherche ou traduire un texte du français vers l’anglais, par exemple, sont devenus de tels automatismes qu’il serait presque provocateur d’oser en critiquer la fiabilité.

Ceci participe à une dynamique sociale qui questionne généralement peu les technologies, étant entendu que critiquer la technologie équivaudrait, somme toute, à critiquer le progrès1. On pourrait objecter qu’il n’y a rien de grave à obtenir des résultats imprécis dans le cadre de la collecte et du traitement de l’information : au bout de la chaîne, il se trouve toujours un humain pour assumer la responsabilité de sa fiabilité, de sa précision et de son équilibre.

Ce que l’on entend – ou comprend – par l’intégration de technologies de l’IA dans un contexte journalistique concerne la production et la distribution d’information. Ces deux versants sont à bien distinguer, au sens où ils véhiculent des enjeux différents en matière de qualité de l’information. Le versant de la production d’information a d’abord concerné des systèmes prenant en charge des tâches considérées comme répétitives et chronophages.

Malgré les craintes exprimées par de nombreux journalistes, les premiers recours à l’IA n’ont pas eu d’impact significatif sur l’emploi salarié.

À l’époque – il n’y a même pas dix ans –, on parlait de systèmes à base de règles, soit une forme plutôt rudimentaire d’intelligence artificielle qui consiste à ingérer des données structurées (input) pour générer de manière automatique des textes, des graphiques ou toute autre forme