1. Journaliste, pourquoi faire ? 

Si le métier de journaliste continue d’attirer, il est aussi celui que quittent 40 % des jeunes recrues au bout de sept ans, en France. En cause : la fatigue physique et morale, une précarité sans issue, une difficulté à exercer correctement sa mission d’informer, la dépréciation du métier vécue jusque dans son propre entourage.

Il y a aussi les promesses non tenues, comme celle de l’invention d’un « nouveau journalisme » grâce aux technologies numériques. Si ces dernières ont fait émerger de nouvelles écritures journalistiques, elles ont également ajouté leur lot de tâches techniques (voire de tâches marketing), exigeant des journalistes toujours plus de polyvalence, alors même qu’ils manquent de plus en plus de temps pour exercer le cœur de leur métier : collecter, vérifier et mettre en perspective l’information. Baisse des effectifs, surcharge de travail, risques psychosociaux, perte de sens : la boucle est bouclée.

« Il est impossible d’approfondir des sujets dans ces conditions », résume Tanguy Bocconi, de France Bleu Roussillon, tandis que son confrère de France 3 Côte d’Azur parle de « course démente à la polyvalence ». L’émergence d’une intelligence artificielle génératrice de contenus, si elle n’est pas canalisée, menace l’emploi des journalistes et la qualité de l’information.

L’enseignement du journalisme ne peut avoir pour ambition de formater de jeunes professionnels pour entrer dans le moule des rédactions.

Si les pratiques des entreprises de presse sont à interroger, la réflexion doit aussi porter sur l’enseignement dispensé aux futurs professionnels. Celui-ci ne peut avoir pour ambition de livrer de jeunes professionnels « prêts à l’emploi » pour entrer dans le moule des réd