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Entre violences et défiance, l’ère connectée pose aux journalistes de nouvelles difficultés. Comment les écoles de journalisme s’adaptent-elles aux évolutions du métier ? Entretien avec Alice Antheaume, directrice de l’École de journalisme de Sciences Po Paris.
Le numérique a profondément modifié les pratiques journalistiques. Comment votre école a-t-elle incorporé cette réalité à la formation qu’elle dispense ?
Alice Antheaume – L’École de journalisme de Science Po a été créée en 2004 : Internet était déjà là. Nous n’avons donc pas eu à effectuer une transition numérique, contrairement à d’autres écoles. C’était notre atout de départ et il le reste.
Lors de nos recrutements, nous interrogeons les candidats sur leur appétence pour les formats numériques. Certains nous ont confié être allergiques aux réseaux sociaux. C’est évidemment leur droit, mais leur profil ne peut pas correspondre à la formation que nous proposons s’ils n’ont aucune envie de travailler sur les réseaux, la plateformisation des contenus, l’algorithme ou l’intelligence artificielle.
Cela dit, produire de l’information sur les réseaux sociaux, c’est un métier. Dans le magma actuel de contenus sur Internet, c’est presque plus compliqué qu’auparavant. Comment produire une information valable et certifiée dans l’écosystème numérique ? C’est tout l’enjeu.
« Aujourd’hui, des employeurs nous demandent d’apprendre à nos étudiants à se protéger face aux attaques en ligne. »
Le tout-numérique soulève un autre problème : celui de la violence en ligne contre les journalistes, sur n’importe quel sujet. Les femmes sont particulièrement visées. Cela a deux conséquences sur le métier : des journalistes qui s’autocensurent et d’autres qui ne tiennent pas la charge et abandonnent. Aujourd’hui, des employeurs nous demandent d’apprendre à nos étudiants à se protéger et à savoir quand réagir ou non aux attaques. Il y a encore trois ou quatre ans, ce sujet n’était pas aussi prégnant.
Le numérique soulève également des préo
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