Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
La pression économique imposée par les Gafam accentue la concentration médiatique. Bolloré, Lagardère, Kretinsky... Ces empires menacent le pluralisme et le débat démocratique.
Le développement des plateformes et des réseaux sociaux a rebattu les cartes du monde de l’information et de la communication. Pour comprendre les nouveaux enjeux de la concentration médiatique et ses conséquences, il convient de changer de focale et d’outils réglementaires avec, pour point de départ, le modèle économique des médias.
Le coût, très élevé, de production d’une information sourcée, vérifiée et hiérarchisée est l’une des spécificités de ce modèle économique. Depuis le XIXe siècle, les éditeurs font appel aux revenus publicitaires afin de couvrir le coût de production de l’information – qui s’apparente à un coût fixe –, et permettre un prix de vente accessible aux lecteurs. Le journal est donc vendu deux fois : aux lecteurs (en kiosque ou par abonnement) et aux annonceurs.
Lorsqu’un titre bénéficie d’une large audience, il devient plus attractif aux yeux des annonceurs. Ces ventes supplémentaires se traduisent pour les éditeurs par une hausse de leurs revenus qu’ils pourront réinvestir dans leur titre, qui deviendra alors plus attractif aux yeux des lecteurs (effets de réseaux). Dans cette « spirale de diffusion », on observe une dynamique d’interactions entre éditeurs, annonceurs et consommateurs. La recherche par les éditeurs d’une taille suffisante est mécanique et explique pour partie la concentration de ces secteurs.
En dix ans, la presse a perdu 70 % de ses recettes publicitaires.
Depuis le début des années 2000, la profusion de sites gratuits d’information, l’arrivée des médias sociaux et le fait que les journalistes ne soient plus les seuls fournisseurs d’information, soumettent les médias à une forte pression. C’est particulièrement le cas de la presse écrite. Ces industries, qui doivent couvrir des coûts fixes, subissent des « effets de ciseaux » : les coûts de pr
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