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Si le profil des jeunes journalistes évolue, il est bien loin d’être à l’image de la société. Les réflexes discriminatoires perdurent. Entretien avec une membre de l’Association des journalistes antiracistes et racisés (Ajar).
L’homogénéité sociale des promotions d’écoles de journalisme1 a souvent été pointée du doigt. Voyez-vous une évolution dans le profil des étudiantes et étudiants, plus favorable à ce qu’on appelle la « diversité » ?
Soraya Morvan-Smith – Les statistiques ethniques ne sont pas autorisées en France, ce qui rend impossible un décompte précis du phénomène. Malgré tout, depuis dix ans que j’enseigne en institut universitaire de technologie (IUT), j’ai, en effet, constaté une évolution dans la composition des promotions. La diversité socio-ethnique se développe, mais de façon très lente. On ne voyait quasiment pas de personnes racisées il y a une dizaine d’années. J’ai le sentiment d’un changement, mais marginal.
Il faut néanmoins distinguer entre les écoles qui recrutent en master et celles qui recrutent au niveau bachelor universitaire de technologie (BUT). Ce nouveau cursus, lancé en 2021, est assorti de la contrainte d’avoir un pourcentage d’étudiants issus des bacs technologiques. Ce qui crée une certaine diversité sociale.
Cette injonction aux organismes de formation n’est pas forcément très heureuse dans la mesure où, derrière l’espoir de former des promotions plus diverses, apparaît l’obligation d’y réunir des personnes qui n’ont absolument pas la même formation et dont une partie abandonne très rapidement en début de première année2.
« La configuration sociale des rédactions ou des écoles joue forcément sur la façon dont on raconte l’information. »
Les responsables de diplôme ont voulu dialoguer avec les directions du ministère de l’Enseignement supérieur, en s’appuyant sur des travaux de recherche, pour tenter d’éliminer les
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