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Incontestablement, l’année 2015 fut une année singulière pour l’accueil des réfugiés en Europe. L’arrivée de plus d’un million de personnes sur les côtes grecques et italiennes, suivie de mouvements secondaires importants sur le territoire européen, a dévoilé l’échec du régime d’asile européen commun. Elle a exacerbé les tensions entre les États membres dont la conséquence la plus immédiate a été l’installation d’une crise humanitaire sur le continent. Si la France n’a pas été concernée de manière importante par la forte augmentation du nombre de réfugiés – en comparaison de pays comme la Grèce, l’Autriche, l’Allemagne ou la Suède –, cette période a révélé un relatif désengagement des autorités françaises au niveau européen, qui ont fait part d’un soutien poli mais réservé à leurs partenaires allemands. Le mythe de la France terre d’asile a été partiellement écorné, remettant en cause un discours entretenu, pendant des décennies, d’un pays généreux et attractif pour les persécutés de la planète.
Le mythe de la France terre d’asile a été partiellement écorné.
Pour autant, le contexte européen n’est pas sans impact sur la France et sa politique d’asile1. Par ailleurs, les Français ne sont pas restés imperméables à la situation des réfugiés. L’émotion et les mobilisations observées à la suite de la diffusion de la photo d’Alan Kurdi ne sauraient occulter les réactions de rejet et de crainte exprimées par une partie de la population française. Des réactions qui ont eu, au moins, le mérite d’extraire la question du droit d’asile du seul périmètre de discussion des experts et professionnels pour la replacer au cœur des débats publics.
Ainsi, l’année 2015 a connu une conjoncture de phénomènes. À cette attent
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