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C’est vrai : si nous les laissons entrer chez nous et si nous acceptons d’avoir affaire avec eux, les réfugiés vont nous changer ; nous nous transformerons et serons bientôt différents de ce que nous sommes aujourd’hui ! En ce sens, ce serait certainement une erreur de prétendre que la question des réfugiés ne représente pas un défi pour notre société. Mais le reconnaître ne signifie en aucun cas faire tout notre possible pour rejeter ce défi ou le minimiser. Dans les propos qui suivent, je vais esquisser deux réactions possibles. La première, proche du populisme de droite, est ethnocentrique et s’oriente vers des formes de résolution de conflit qui visent l’assimilation à une identité (nationale). Cette réponse, à mes yeux, se fourvoie en tentant, dans toute la mesure du possible, de tenir à distance ce qui est autre, étranger et nous oblige au changement, et en se raidissant culturellement. Ce faisant, elle ne voit pas que c’est précisément cette attitude qui mène à un rapport au monde pour ainsi dire pétrifié qui, à son tour, provoque inévitablement une forme d’aliénation.
Je souhaite proposer une autre manière d’aborder le défi : loin d’être ethnocentrique, elle vise à créer un espace de rencontre des personnes et des cultures, propice au dialogue et à la résonance. À cet égard, les réflexions menées dans les années 1980 et 1990 par Charles Taylor, philosophe social canadien, sur le multiculturalisme, et qu’il a confirmées dans ses dernières recherches, sont une précieuse source d’inspiration1. Certes, on ne peut pas transposer purement et simplement ses conclusions, qui se situent dans le contexte du débat sur l’unité et la diversité culturelles du Canada, dans notre situation actuelle. Il est cependant évident, et l’exemple canadien en est la preuve,
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