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Selon l’Onu, le migrant est une personne qui vit plus d’un an dans un pays autre que celui de sa naissance. Les 2/3 des migrants s’installent dans un pays limitrophe au leur, afin de rester proches de leurs réseaux. Leurs déplacements peuvent être volontaires (études, travail, raisons familiales) ou forcés (demandes d’asile). En 2015, l’Onu en dénombre 244 millions (soit 3,3 % de la population mondiale). En France, en 2014 et hors Mayotte, l’Insee évaluait leur nombre à 5,9 millions (environ 8,9 % de la population).
D’après la convention des Nations unies relative au statut des réfugiés de 1951, dite convention de Genève, le réfugié est une personne qui, « craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ». L’Onu met en œuvre cette convention grâce au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), créé en 1949.
En 2015, il y avait 21,3 millions de réfugiés dans le monde, dont 51 % de moins de 18 ans, divisé en deux catégories. Le réfugié « statutaire » est celui dont la demande de protection est étudiée individuellement, sur la base des critères de la convention de Genève. Les réfugiés « prima facie » sont identifiés collectivement à la suite d’une situation de violence, telle qu’un un bombardement. Ils sont plus nombreux que les statutaires. En France, ils relèvent de la « protection subsidiaire ».
Il faut ajouter les 5,2 millions de réfugiés palestiniens (dont s’occupe l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) auxquels la convention de Genève ne s’applique pas.
La majorité des personnes déplacées ou réfugiées sont accueillies dans les pays limitrophes. L’Asie du Sud-Est, l’Afrique de l’Est et le Moyen-Orient sont très concernés. Si le nombre total de réfugiés décroissait depuis 1990, la crise syrienne contrarie cette tendance. 54 % des réfugiés viennent d’Afghanistan, de Syrie et de Somalie.
L’UNHCR propose trois solutions aux réfugiés : le rapatriement volontaire au pays d’origine – si les risques ayant motivé le déplacement ont disparu –, l’intégration locale dans le pays d’accueil (en 2015, 3,2 millions de réfugiés demandent l’asile dans le pays d’accueil) ou l’installation dans un pays tiers. S’ils sont déboutés, ils peuvent devenir clandestins (ou « sans-papiers »).
Ce sont des personnes qui ont dû quitter leur habitat par la force, mais qui sont restées dans leur pays. Elles étaient 40,8 millions en 2015. Avec la fermeture croissante des frontières, leur nombre est en constante augmentation. Proportionnellement à la population nationale, c’est en Colombie que les déplacés sont les plus nombreux.
Ce sont ceux qui n’ont plus de papiers, parce qu’ils viennent d’une région non reconnue officiellement ou parce que leurs droits ne sont pas attribués suite à des discriminations. Ils seraient 10 millions en 2015.
Il est difficile de dire à partir de quand quelqu’un, qui part de sa région d’origine car il ne peut y survivre, est un migrant « économique » et en quoi ce départ est « volontaire ». La majorité des « migrations non contraintes », dans nos pays, a pour motivation les études ou le regroupement familial. En France, 9,5 % des titres de séjour délivrés en 2015 par le ministère de l’Intérieur l’ont été pour le travail (32,2 % pour des études et 41,5 % pour regroupement familial ou réunion de conjoints).
Qualifiées également de « climatiques », elles ne répondent pas à une définition spécifique. Dans quelle mesure les causes de départ sont-elles « environnementales » ou conséquentes de problèmes politiques qui ont dégradé l’environnement ?
Afin d’apporter une aide d’urgence et de stabiliser les flux migratoires, 56 % des réfugiés ont été dirigés vers des camps en 2015. Ces camps sont souvent administrés par l’UNHCR et par des Ong, mais beaucoup d’entre eux sont informels et reçoivent peu d’aide : c’est souvent le cas des camps de déplacés. Ils incarnent de nouveaux centres urbains, qui perdurent parfois : au sein des villes, ils peuvent se transformer en quartiers, organisés et légiférés par les gestionnaires responsables, mais aussi en bidonvilles. La durée moyenne de séjour dans un camp est de plus de 12 ans.