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La conception et le contenu du Pacte européen sur la migration et l’asile hypothèquent, paradoxalement, une politique migratoire commune et entérinent un régime d’asile à la carte.
Le 14 mai 2024, le Conseil de l’Union européenne (UE) adoptait définitivement le Pacte sur la migration et l’asile, malgré les oppositions de la Hongrie et de la Pologne et les absentions de la République tchèque et de la Slovaquie. Un des enjeux était de démontrer aux électeurs européens la capacité de l’UE à prendre des décisions pour contrôler la situation migratoire. Ce qui n’a finalement pas empêché les partis populistes d’extrême droite de gagner de nombreux sièges au Parlement européen, lors du scrutin du 9 juin.
L’adoption du Pacte a constitué l’aboutissement d’un long et difficile processus législatif entamé sous la précédente Commission européenne en 2016 et relancé en septembre 2020. Presque dix ans après ladite « crise des réfugiés » de 2015, les questions d’asile et d’immigration sont devenues des enjeux quasi-existentiels pour l’UE.
Étonnamment, l’immigration a semblé constituer un danger plus important pour l’UE que d’autres faits marquants de ces dernières années, comme le Brexit, la Covid-19, le réchauffement climatique et la guerre en Ukraine. D’ailleurs, cette dernière a provoqué le plus grand déplacement de population que ce continent ait connu depuis 1945 sans que cela suscite les mêmes inquiétudes qu’en 2015.
L’exemple de l’accueil bienveillant des déplacés d’Ukraine démontre que les causes de ces « crises » ne sont pas fondamentalement les personnes migrantes et réfugiées, mais se situent du côté des réponses politiques ainsi que des facteurs structurels et internes à l’UE. Toutefois, il ne s’agit pas de la première crise que traverse la construction européenne. Les questions migratoires sont un exemple parmi d’autres de ces tensions importantes entre le besoin de « plus d’Europe » et la résistance des États membres à se voir déposséder de compétences.
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