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Les politiques de refoulement migratoire pratiquées au sein de l’UE et sous son égide violent de manière flagrante ses principes fondateurs et ceux du droit international. Un désastre juridique qui alimente une catastrophe humanitaire.
Quelques semaines avant son élection au Parlement européen sur la liste de l’extrême droite française, une plainte a été déposée à Paris contre Fabrice Leggeri, ancien directeur de Frontex, l’agence européenne de gardes-frontières et de garde-côtes, pour « complicité de crimes contre l’humanité » et « complicité de torture ».
Les associations requérantes (la Ligue des droits de l’homme et Utopia 56) l’accusent d’avoir couvert le refoulement, par des garde-côtes grecs, de bateaux de migrants depuis la Grèce vers la Turquie, en refusant de relayer leurs signaux de détresse et en dissimulant ces opérations dans les rapports d’intervention de l’agence.
Les associations mettent également en évidence le rôle de Frontex dans l’interception de boat people par les garde-côtes libyens, pour leur avoir livré les coordonnées GPS ou les photos aériennes des embarcations et fait obstacle à l’intervention d’ONG présentes en mer. La plainte des associations s’appuie sur des rapports largement documentés, émanant notamment du très officiel Office européen de lutte antifraude, qui ont contraint Fabrice Leggeri à la démission en 2022.
En contribuant au refoulement d’exilés cherchant à rejoindre les côtes européennes, en les exposant, dans le cas libyen, à des violences pouvant « s’apparenter à des crimes contre l’humanité », comme en attestait déjà en 2021 une mission d’enquête mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’Onu1, Frontex viole ouvertement le droit international qui pose comme intangibles le principe de non-refoulement et la prohibition de la torture et des traitements inhumains et dégradants.
À ce jour, cependant, l’agence en tant que telle n’a jamais fait l’objet de condamnation. Au contraire
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