Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site
Dossier : Internet réinvente-t-il le militantisme ?

« Partager c’est sympa » La chaîne YouTube qui mobilise pour le climat

L'équipe de Partager c'est sympa. De g. à d. : Olivier Escalon, Vincent Verzat, Astrid Barthélemy et Victor Vauquois.
Crédit photo : Instagram partager_cest_sympa
L'équipe de Partager c'est sympa. De g. à d. : Olivier Escalon, Vincent Verzat, Astrid Barthélemy et Victor Vauquois. Crédit photo : Instagram partager_cest_sympa

Des formats vidéo courts, dynamiques, attractifs : la chaîne YouTube «Partager c’est sympa» mise, comme son nom l’indique, sur la viralité de ses contenus pour mobiliser autour de la question climatique. Témoignage du scénariste de l’équipe.


Lancée au printemps 2017 par Vincent Verzat, l’idée derrière notre chaîne Youtube est simple : aller au cœur de l’action pour donner envie de s’engager ! Après avoir constaté que les mouvements et associations militantes n’ont pas toujours les codes nécessaires pour raconter leurs mobilisations aux plus jeunes, nous avons décidé de mettre la culture Internet au service du monde militant. Pari réussi ! Deux ans plus tard, nous comptons près de 156 000 abonnés sur Facebook, 58 000 sur YouTube et 8 000 sur Twitter. Des campagnes spéciales comme « On est prêt » et « Il est encore temps » ont propulsé les mobilisations climat de cette année. Notre vocation n’est pas seulement d’informer, mais de donner envie d’agir face à un problème.

S’adapter pour mieux lutter

Depuis peu, le format de nos vidéos a évolué. Initialement, elles duraient cinq minutes, avec comme message « faites ci » ou « faites ça ». Nous avons beaucoup travaillé à l’échelle nationale et, avec « L’Affaire du siècle »1, ce sont plus de deux millions de signatures qui ont été recueillies pour le climat. Mais tout a été balayé d’un revers de main par le chef de l’État et le gouvernement. Cela témoigne du fait que l’on a un problème avec nos institutions. On n’a plus envie d’attendre que quelqu’un, là-haut, nous donne raison !

On n’a plus envie d’attendre que quelqu’un, là-haut, nous donne raison !

Aujourd’hui, nous nous consacrons à un travail d’introspection, une opération à cœur ouvert ! Quels sont les freins, les limites de nos actions ? Qu’est-ce qui n’a pas marché ? L’enjeu est de montrer l’envers du décor des mobilisations, ce qui n’est bien sûr pas facile ! C’est tout le propos de nos deux vidéos « On s’est planté… » et « On change le game ». Les gens allaient-ils nous suivre ? De fait, ce sont les vidéos les plus vues, les plus commentées. Cela signifie qu’il y a bien une prise de conscience générale. Il y a trois ou quatre ans, pas sûr que cela se serait passé !

« Nous militons pour des actions climat décentralisées »

Notre ambition désormais : que la mobilisation pour le climat passe du quantitatif au qualitatif. Il nous faut relocaliser la lutte climatique : développer la résilience, se battre sur des luttes locales contre des projets climaticides. Les prochaines élections municipales seront l’occasion d’ouvrir cette brèche, avec comme message : « Faites des groupes affinitaires et développez vos propres stratégies en fonction de ce sur quoi vous voulez agir. » Nous militons pour des actions climat de plus en plus décentralisées. On ne croit plus aux grosses structures qui concentrent tout, cela ne correspond pas au monde que nous voulons.

Il nous faut relocaliser la lutte climatique : développer la résilience, se battre sur des luttes locales contre des projets climaticides.

Internet permet de casser de nombreuses barrières en touchant directement les militants et les personnes à convaincre. Mais nous savons que confier nos informations à Facebook et Google (à qui YouTube appartient), c’est, à terme, nous tirer une balle dans le pied. D’ailleurs, Facebook nous pénalise par son algorithme : nos abonnés voient de moins en moins nos vidéos et il faut maintenant payer pour les diffuser ! Car Facebook transforme son modèle économique (YouTube y réfléchit aussi…). Pour le moment, il est difficile de complètement s’affranchir de ces plateformes. Mais on a rencontré l’équipe de Framasoft – une association qui promeut le logiciel libre et la « dégooglisation » d’Internet [voir l’article « Protéger ses données. Premiers pas »] – et d’autres associations qui militent pour un Internet libre. Nous réfléchissons aussi à former une communauté d’influenceurs afin de promouvoir des espaces de liberté en ligne !

Pour le climat comme pour Internet, nous sommes portés par une utopie anarchiste : travailler à la liberté et l’autonomie d’un maximum de monde dans ces luttes.

Les plus lus

Les Marocains dans le monde

En ce qui concerne les Marocains, peut-on parler de diaspora ?On assiste à une mondialisation de plus en plus importante de la migration marocaine. On compte plus de 1,8 million de Marocains inscrits dans des consulats à l’étranger. Ils résident tout d’abord dans les pays autrefois liés avec le Maroc par des accords de main-d’œuvre (la France, la Belgique, les Pays-Bas), mais désormais aussi, dans les pays pétroliers, dans les nouveaux pays d’immigration de la façade méditerranéenne (Italie et ...

L’homme et Dieu face à la violence dans la Bible

Faut-il expurger la Bible ou y lire l'histoire d'une Alliance qui ne passe pas à côté de la violence des hommes ? Les chrétiens sont souvent gênés par les pages violentes des deux Testaments de la Bible. Regardons la Bible telle qu’elle est : un livre à l’image de la vie, plein de contradictions et d’inconséquences, d’avancées et de reflux, plein de violence aussi, qui semble prendre un malin plaisir à multiplier les images de Dieu, sans craindre de le mêler à la violence des...

Les blancs pèsent encore

Si les blancs ne représentent que 9,5 % de la population, leur contribution à la vie de la société sud-africaine demeure prépondérante. Si les blancs ne représentent que 9,5 % de la population, leur contribution à la vie de la société sud-africaine demeure prépondérante.Dix ans après la « naissance » de la nouvelle Afrique du Sud, et l’instauration de la démocratie, quelle est place de la population blanche dans le pays et quelle est sa contribution à l’avenir de la nation ? Pour comprendre les ...

Du même dossier

Protéger ses données sur Internet

La moindre de nos recherches sur Internet génère des informations sur nous. Pour éviter d’être « tracé » et protéger sa vie privée, quelques techniques simples. 1. Garder son système à jourSans quoi, des virus peuvent s’introduire par des failles.2. Changer de navigateurNavigateur : logiciel utilisé par un ordinateur pour effectuer des requêtes et afficher des pages web. Les plus connus : Google Chrome, Safari, Firefox, Internet E...

Vers un avenir convivialiste

L’avenir est indéterminé. Radieux pour certains, inexistant pour d’autres. Une troisième hypothèse se dessine : celle d’un futur convivialiste, où la technologie pourrait avoir toute sa place. Régulièrement, l’avenir a été un objet d’espérance et a ouvert un horizon d’attente fascinant. « De quelles nouvelles inventions, créations, explorations l’aventure humaine sera-t-elle capable ? Quelles merveilles et quels prodiges l’avenir nous réserve-...

Qu’est devenue l’utopie d’Internet ?

Aux débuts d’Internet, un idéal d’horizontalité, de gratuité, de liberté. Trente ans après, le web s’est centralisé, marchandisé, et a été colonisé par les géants du numérique. Ces derniers ont-ils trahi l’utopie des pionniers d’Internet ? Internet a été parfois décrit comme un espace de liberté inédit permettant aux utilisateurs de contourner la censure et d’enjamber les fron...

Du même auteur

« Le passage par l'art nous rend sensibles »

La politique peut se nourrir d’expérimentations artistiques. À Sciences Po, l’idée a fourni son concept à un cursus dédié. Entretien avec sa directrice Frédérique Aït-Touati. Un master consacré aux arts politiques à Sciences Po ne va pas de soi. Quelle est sa raison d’être ?Créé par le philosophe Bruno Latour, ce master est né d’une conviction simple : l’art doit avoir une place dans la réflexion et la décision politiques. ...

La politique des rêves

Aujourd’hui, séries, jeux vidéo et romans à succès produisent une synchronisation inédite de nos imaginaires, canalisant la rêverie. Une tendance à rebours des sociétés chamaniques, où les rêves sont analysés en tant qu’objets politiques. Entretien avec un anthropologue. Nos sociétés occidentales contemporaines ont-elles dépolitisé le rêve ?Le rêve est un puissant révélateur de la façon dont les collect...

La politique empêchée

La politique peine à faire de l’imagination un véritable outil de transformation sociale. Pour Corinne Morel Darleux, ex-politicienne et romancière, s’en priver condamne à l’impuissance.  Une personne élue a-t-elle le temps et l’espace, mais aussi le droit et les moyens, d’être imaginative ?Mon premier constat, après quinze ans d’engagement, est que nous manquons cruellement de renouvellement des horizons politiques, que ce soit dans les partis ...

Vous devez être connecté pour commenter cet article
Aucun commentaire, soyez le premier à réagir !
* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules