Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Des formats vidéo courts, dynamiques, attractifs : la chaîne YouTube « Partager c’est sympa » mise, comme son nom l’indique, sur la viralité de ses contenus pour mobiliser autour de la question climatique. Témoignage du scénariste de l’équipe.
Lancée au printemps 2017 par Vincent Verzat, l’idée derrière notre chaîne Youtube est simple : aller au cœur de l’action pour donner envie de s’engager ! Après avoir constaté que les mouvements et associations militantes n’ont pas toujours les codes nécessaires pour raconter leurs mobilisations aux plus jeunes, nous avons décidé de mettre la culture Internet au service du monde militant. Pari réussi ! Deux ans plus tard, nous comptons près de 156 000 abonnés sur Facebook, 58 000 sur YouTube et 8 000 sur Twitter. Des campagnes spéciales comme « On est prêt » et « Il est encore temps » ont propulsé les mobilisations climat de cette année. Notre vocation n’est pas seulement d’informer, mais de donner envie d’agir face à un problème.
Depuis peu, le format de nos vidéos a évolué. Initialement, elles duraient cinq minutes, avec comme message « faites ci » ou « faites ça ». Nous avons beaucoup travaillé à l’échelle nationale et, avec « L’Affaire du siècle »1, ce sont plus de deux millions de signatures qui ont été recueillies pour le climat. Mais tout a été balayé d’un revers de main par le chef de l’État et le gouvernement. Cela témoigne du fait que l’on a un problème avec nos institutions. On n’a plus envie d’attendre que quelqu’un, là-haut, nous donne raison !
On n’a plus envie d’attendre que quelqu’un, là-haut, nous donne raison !
Aujourd’hui, nous nous consacrons à un travail d’introspection, une opération à cœur ouvert ! Quels sont les freins, les limites de nos actions ? Qu’est-ce qui n’a pas marché ? L’enjeu est de montrer l’envers du décor des mobilisations, ce qui n’est bien sûr pas facile ! C’est tout le propos de nos deux vidéos « On s’est planté… » et « On change le game ». Les gens allaient-ils nous suivre ? De fait, ce sont les vidéos les plus vues, les plus commentées. Cela signifie qu’il y a bien une prise de conscience générale. Il y a trois ou quatre ans, pas sûr que cela se serait passé !
Notre ambition désormais : que la mobilisation pour le climat passe du quantitatif au qualitatif. Il nous faut relocaliser la lutte climatique : développer la résilience, se battre sur des luttes locales contre des projets climaticides. Les prochaines élections municipales seront l’occasion d’ouvrir cette brèche, avec comme message : « Faites des groupes affinitaires et développez vos propres stratégies en fonction de ce sur quoi vous voulez agir. » Nous militons pour des actions climat de plus en plus décentralisées. On ne croit plus aux grosses structures qui concentrent tout, cela ne correspond pas au monde que nous voulons.
Il nous faut relocaliser la lutte climatique : développer la résilience, se battre sur des luttes locales contre des projets climaticides.
Internet permet de casser de nombreuses barrières en touchant directement les militants et les personnes à convaincre. Mais nous savons que confier nos informations à Facebook et Google (à qui YouTube appartient), c’est, à terme, nous tirer une balle dans le pied. D’ailleurs, Facebook nous pénalise par son algorithme : nos abonnés voient de moins en moins nos vidéos et il faut maintenant payer pour les diffuser ! Car Facebook transforme son modèle économique (YouTube y réfléchit aussi…). Pour le moment, il est difficile de complètement s’affranchir de ces plateformes. Mais on a rencontré l’équipe de Framasoft – une association qui promeut le logiciel libre et la « dégooglisation » d’Internet [voir l’article « Protéger ses données. Premiers pas »] – et d’autres associations qui militent pour un Internet libre. Nous réfléchissons aussi à former une communauté d’influenceurs afin de promouvoir des espaces de liberté en ligne !
Pour le climat comme pour Internet, nous sommes portés par une utopie anarchiste : travailler à la liberté et l’autonomie d’un maximum de monde dans ces luttes.