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Faire face à la crise écologique implique-t-il des politiques de contrôle des naissances pour freiner la croissance démographique ? Poser ainsi la question semble appeler une réponse claire, affirmative ou négative, et remettre au goût du jour l’opposition malthusianisme / anti-malthusianisme. Celle-ci est, certes, commode pour rendre compte de l’indémodable débat sur la question des conséquences du nombre et de la croissance de la population, débat dont l’urgence écologique a accru l’importance et la portée, en l’élargissant progressivement de l’équilibre population-subsistance aux relations population-développement-environnement dans la seconde partie du XXe siècle.
Mais cette opposition est-elle réellement éclairante ? Peut-être moins qu’il n’y paraît. Car ces deux catégories regroupent des traditions théoriques et politiques très différentes, donc des positions et des raisonnements très hétérogènes. Impossible d’envisager les malthusiens ou les non-malthusiens comme ayant l’unité d’écoles. Et aujourd’hui, l’opposition peut sembler, dans une certaine mesure, dépassée.
Le raisonnement de Malthus, qui publie son Essai sur le principe de population en 1798, est resté célèbre du fait de sa redoutable simplicité. D’après ses observations, il pense pouvoir établir que la population globale croît de manière géométrique (ou exponentielle) alors que les ressources agricoles connaissent une évolution arithmétique (ou linéaire). La conséquence de ces évolutions divergentes s’impose : la croissance de la population se verra rapidement contrainte par celle, moindre, des subsistances. Le débat malthusien est ainsi ouvert et n’a cessé, depuis, d’être alimenté, tant par l’affirmation des statistiques de la population
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