Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
« De futuris contingentibus, non est determinata veritas » (Guicciardini, Ricordi)
La division de la population des Nations unies publie depuis 1963, tous les cinq ans, des projections des populations de toutes les nations du monde. La dernière mouture, datée de 2015, s’aventure jusqu’en 21001. On y apprend qu’à cette date, la population de la Chine compterait presque exactement un milliard d’habitants, en nette diminution par rapport à sa population actuelle. Cependant, il s’agit de la projection moyenne. Selon la projection haute, la Chine atteindrait 1,556 milliard d’habitants en 2100, et selon la basse, seulement 612 millions. On peut s’interroger sur l’information qu’apporte une fourchette aussi large. Comme si l’on indiquait que la population de la France sera comprise entre 40 et 100 millions d’habitants… Nul n’en tirerait de conclusion.
Quel est donc le dessein caché de cette sorte de projection ? Chercher à déterminer quelle sera la population dans cinq ou dix ans se justifie si l’on veut investir dans des infrastructures appelées à durer, mais quelle décision actuelle dépend du nombre d’habitants dans cent ans ? Deux motifs qui se complètent peuvent expliquer le choix d’un horizon si lointain. L’un est religieux au sens large, l’autre politique.
L’historien Reinhart Koselleck montre comment, à l’âge classique, les gouvernements ont dépossédé l’Église de la gestion du futur2. Jusqu’alors, l’horizon était celui du Jugement dernier. L’histoire chrétienne était « une attente permanente de la fin des temps ». L’Église détenait le monopole de la prophétie
vous pouvez l'acheter à l'unité ou par Dossier
Pour accéder à cet article :
Revue-Projet.com offre l'accès gratuit aux articles de moins de 2 mois ou plus de 4 ans.