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À mesure que l’extrême droite progresse dans les urnes et sur les territoires, la société civile organisée doit choisir sa posture. Faut-il engager le débat ou se taire pour préserver l’unité ? Peut-on encore refuser le dialogue avec le Rassemblement national sans perdre sa capacité d’agir localement ?
Alors que les perspectives électorales rendent d’année en année plus plausible l’accession au pouvoir du Rassemblement national (RN), les entretiens menés dans le cadre de notre enquête1 montrent une société civile organisée mais confrontée à une tension inédite. Elle met en question ses propres modes d’engagement face à une extrême droite banalisée mais porteuse d’un projet de société en rupture avec les valeurs fondatrices du monde associatif.
Cette interrogation est d’autant plus vive qu’elle se produit dans un contexte d’affaiblissement du politique et de désaffiliation partisane. Les acteurs associatifs se trouvent contraints à un positionnement délicat : comment concilier le principe souvent affiché de non-partisanisme avec la nécessité de faire barrage à certaines idées ou partis politiques ? Faut-il refuser le dialogue avec certains partis au nom d’un socle de valeurs non négociables, quitte à s’exposer à l’accusation de faire de la politique partisane ?
Parmi les responsables associatifs et syndicaux rencontrés, l’extrême droite est aujourd’hui presque unanimement perçue comme une menace. On sent que cette perception s’est construite progressivement, au fil des évolutions du champ politique et de la société civile. Elle reste marquée par des écarts d’intensité et de formulation, selon les histoires, les territoires et les types d’engagement.
Plusieurs associations notent la présence plus grande, parmi leurs bénévoles ou bénéficiaires, de personnes proches de l’extrême droite.
Pour certains, la menace est clairement énoncée : elle touche aux fondements mêmes du modèle démocratique, à la légitimité des droits fondamentaux, à la capacité d’agir dans l’espace public au nom de l’intérêt général. L’extrême droite incarne
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