Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Et si les Français étaient davantage impliqués dans les prises de décision ? Pour ce cinquième volet de notre série politique, nous souhaitons explorer les difficultés, mais aussi les avancées d’un processus de décision inclusif, voire participatif. Cette question représente la clé de voûte de l’édifice démocratique. Ne rien décider, et finalement laisser faire les choses, n’est-ce pas rester dans l’illusion de sa toute-puissance ? Inversement, la tentation autoritaire ne peut que renforcer la contestation, l’obstruction ou, tout simplement, le désenchantement.
La décision a toujours renvoyé à des enjeux de pouvoirs et d’intérêts, mais la situation se complexifie fortement. Décider aujourd’hui en démocratie suppose de prendre en considération une multitude d’acteurs, en particulier de tenir compte des relations entre l’État, le marché et, plus que jamais, la société civile. La démocratie est confrontée à un éclatement des lieux de décision et à l’enchevêtrement des échelles territoriales. Des sujets comme la dette publique, les migrations ou la transition écologique ne peuvent plus être traités uniquement à l’aune de nos propres frontières.
Comment placer le bien commun au cœur de décisions collectives ? La participation citoyenne gagne du terrain, mais il reste beaucoup à faire en matière d’implication de chacun dans les prises de décisions qui les concernent. Ce dossier privilégie la présentation d’exemples dans des domaines, des lieux et des contextes différents.
Une alternative au « jupitérisme » n’était-elle pas possible ?
Dans une première partie, nous reviendrons sur l’exercice du pouvoir en temps de crise sanitaire. Une alternative au « jupitérisme » n’était-elle pas possible, demande Jean-Paul Gaudillière, spécialiste du gouvernement de la santé au niveau international ? Avec le philosophe Jean-Claude Monod, nous nous interrogeons sur ce qui fait autorité aujourd’hui.
La seconde partie nous emmène à Madrid, où des dispositifs participatifs se voulant vraiment décisionnels ont été pensés, ce qui est rarement le cas en France. Mais pour ne pas se limiter au triangle traditionnel – démocratie représentative, participative et directe –, nous avons convoqué la notion de gouvernance, de plus en plus présente à l’échelle des politiques urbaines et de l’Union européenne.
Plus largement encore, nous explorons dans la dernière partie trois exemples sur des registres bien différents : un regard croisé entre un jésuite et un dominicain sur la manière dont deux ordres religieux pluriséculaires envisagent la gouvernance ; mais aussi les temporalités de la décision dans le gouvernement des océans ; et enfin, la manière dont l’intelligence artificielle participe désormais à la décision politique. Démontons les rouages d’un processus pas si mécanique.