Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Le Pacte du pouvoir de vivre fête ses cinq ans d’activité en ce mois de mars. Cet anniversaire est réconfortant, car il témoigne de la vitalité du Pacte et de sa capacité à fabriquer de l’unité entre des associations, des fondations, des mutuelles ou encore des syndicats engagés pour une société plus écologique, sociale et démocratique.
Plus de soixante-cinq organisations parmi les plus importants acteurs des solidarités sont réunies dans ce collectif. Chacun des membres est invité à dépasser son domaine de compétences pour porter un projet commun, ancré dans le réel. Ce projet apporte des éléments de réponse aux défis contemporains dans une perspective politique, hors du champ partisan. Aujourd’hui, le Pacte compte aussi une quarantaine de groupes locaux et une école dédiée aux citoyens et citoyennes de 18 à 35 ans, sans condition de diplôme.
L’exécutif, par son exercice très vertical du pouvoir, nous expose au risque de l’unilatéralisme et refuse de reconnaître un réel statut de contre-pouvoir au secteur associatif1. La société civile doit plus que jamais monter au créneau pour se faire entendre. Une démocratie sans espace de débat contradictoire est une coquille vide. Le philosophe Claude Lefort le martelait inlassablement : la démocratie, c’est précisément faire advenir la différence et faire émerger les sources de désaccord.
La force et la légitimité du Pacte du pouvoir de vivre résident dans son ancrage local. Cet échelon demeure un puissant levier pour fabriquer du collectif, capter la réalité et retrouver le goût du débat au-delà des intérêts immédiats. Contrairement à l’échelon national, villes, départements et régions permettent une vraie porosité entre appartenances sociales et polarisations politiques. Un travail souvent discret, mais réel, s’opère dans ces liens, quartier par quartier, de proche en proche. Bruno Latour le soulignait : « Le problème politique actuel ne tient pas au manque de connaissances, mais au manque de descriptions partagées. » On ne peut faire du pain que s’il y a du grain à moudre.
Alors qu’on ne cesse de déplorer la défiance et le désintérêt pour la chose publique, le Pacte offre des espaces d’échange et de débat sur les choix de société. Ne nous laissons pas enfermer dans le clivage politique, comme aux États-Unis. Le débat contradictoire nous concerne tous, pas uniquement pour résoudre les problèmes qui nous touchent directement, mais d’abord pour devenir des citoyens et citoyennes capables de se rapporter aux autres par un dialogue argumenté. On ne vit pas dans le monde des Bisounours ! Cela suppose du temps, de l’énergie et un apprentissage, car la concorde ne se décrète pas : elle se construit collectivement, à plus forte raison face à des questions complexes dans un contexte à la fois globalisé et incertain. C’est sur cette base que le Pacte entend défendre à présent une position commune avant les élections européennes.
Pour en savoir davantage sur le projet du Pacte du pouvoir de vivre, rendez-vous sur www.pactedupouvoirdevivre.fr.
1 Julien Talpin, « Monde associatif. L’État reprend la main », Revue Projet, n° 396, octobre-novembre 2023.