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L’hypothèse d’un revenu universel est débattue depuis plusieurs années déjà. Comment le justifier, comment le financer ? Sa mise en œuvre bouleverserait le pacte social lié à l’emploi.
Référendum suisse en 2016, candidature de Benoît Hamon à la présidentielle française, expérimentation finlandaise en 2018… Sans attendre la crise économique, le revenu universel est revenu dans le débat public en France et en Europe depuis quelques années. S’il y a plusieurs propositions, toutes partagent au moins trois caractéristiques, qui le distinguent des minima sociaux actuels – en France, le revenu de solidarité active (RSA). Le revenu universel est d’un même montant et versé à tous, il est individuel (et non versé à un ménage) et il est inconditionnel, c’est-à-dire sans obligation en termes d’insertion sociale et professionnelle.
C’est cette troisième caractéristique qui nous intéresse ici. Le revenu se distingue ainsi du RSA, dont la loi prévoit les « droits et devoirs du bénéficiaire » : il a droit « à un accompagnement social et professionnel adapté » et est tenu, lorsque les ressources du foyer sont inférieures à un certain montant, de « rechercher un emploi, d’entreprendre les démarches nécessaires à la création de sa propre activité ou d’entreprendre les actions nécessaires à une meilleure insertion sociale ou professionnelle ». Il n’y a pas de suivi statistique public des obligations imposées aux bénéficiaires (par exemple en matière d’inscription à Pôle emploi), ni de sanctions. Il est donc difficile de juger du niveau de la conditionnalité, qui doit varier selon la couleur politique du département duquel dépend la prestation, et selon le référent.
Si le degré de conditionnalité du RSA en matière d’emploi est flou, les principales controverses autour du revenu universel tournent autour du travail (plus que de l’aspect individuel de la prestation). Ses défenseurs comme ses critiques entendent redéfinir la « valeur travail ». Une controverse entre les philosophes John Rawls et
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