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En 1982, 500 manifestants sont arrêtés dans le comté de Warren, aux États-Unis : ils protestaient contre l’installation d’un dépôt de déchets chimiques dans leur ville, la plus pauvre de Caroline du Nord et peuplée à 82 % d’afro-américains. Cet événement est souvent identifié comme l’acte de naissance des mobilisations de justice environnementale, en posant leur base empirique : les communautés pauvres et de couleurs subissent de façon disproportionnée les conséquences de la dégradation de l’environnement. Certaines personnalités, comme le pasteur protestant Benjamin Chavis, iront jusqu’à dénoncer un « racisme environnemental », jugeant que « la race, plus que le revenu, est le critère retenu dans les décisions de localisation des sites d’enfouissements1 ». Dans le prolongement des luttes pour les droits civiques, ce mouvement dénonce autant la mise à l’écart des minorités des processus de décision que leur inégale exposition aux pollutions et déchets toxiques. Par la suite, les mobilisations se multiplient et l’objet des conflits, d’abord centré sur les pollutions chimiques, se diversifie. Ils rassemblent aujourd’hui aussi bien des amérindiens qui luttent contre l’installation de sites et déchets nucléaires sur leurs terres sacrées que des communautés hispaniques exposées aux pesticides de l’agriculture2. En 1991, le premier sommet national des peuples de couleurs pour la justice environnementale aboutit à une charte de principes structurant l’action de ces mouvements.
En décrivant la corrélation entre les nuisances environnementales et les territoires les plus précaires, les populations concernées font émerger un discours sur de nouvelles formes d’inégalités – les
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