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Le droit est-il une voie pour faire entrer le non-humain en politique ? La juriste et eurodéputée Marie Toussaint et le philosophe Baptiste Morizot questionnent le concept d’une diplomatie du vivant.
Le 23 février 2021, l’État était reconnu « responsable de manquements dans la lutte contre le réchauffement climatique » par le Tribunal administratif de Paris, suite à l’action en justice menée par « Notre affaire à tous ». De quoi rendre politique la question du vivant ?
Marie Toussaint – L’objectif de « L’Affaire du siècle » n’est pas tant de faire condamner l’État que de l’obliger à agir contre le dérèglement climatique. C’est essentiel car, depuis trente ans, les États foulent aux pieds leurs engagements environnementaux. L’accord de Paris en est le révélateur. Il oblige les États à transcrire dans la loi les objectifs pris à la COP21, or les lois françaises ne sont toujours pas à la hauteur de ces derniers, et les actes pas à la hauteur de ces lois.
L’enjeu de L’Affaire du siècle est aussi une réappropriation du droit démocratique face à un droit qui s’élabore hors des États, appelé le droit global. Celui-ci prend progressivement de l’ampleur dans notre société mondialisée. Il intègre les décisions prises par les tribunaux privés, le droit des contrats, ainsi que les décisions relatives à la responsabilité environnementale des entreprises œuvrant par-delà les frontières.
Mais, largement issu du droit privé, ce droit global s’oppose et s’impose trop souvent au droit adopté par les peuples et les démocraties – négociant de manière dangereuse avec la légitimité démocratique, au grand dam du vivant. On peut citer l’exemple de l’entreprise pétrolière américaine Chevron-Texaco qui a échappé à la justice équatorienne par le biais d’un tribunal d’arbitrage.
Le droit environnemental est plafonné dans sa capacité à protéger.
L’entreprise, condamnée par la Cour constitutionnelle du pays, refuse encore de réparer les dommages causés aux écosystè
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