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Si les catégories actuelles sont désajustées par rapport à ce que vivent les personnes migrantes, comment les faire évoluer ? Selon quels critères et quelles nécessités ? Deux chercheuses et deux acteurs de la société civile invitent à adoucir les catégories actuelles, pour traiter avec plus d’humanité les personnes.
Raoul, interviewé pour ce dossier de la Revue Projet, nous confiait : « Nous ressentons un sentiment de classification par cases ; ce qui est étrange, car nous avons la même demande, nous ne sommes pas en infraction. » Et François disait : « Cette histoire de catégories a une dimension inhumaine. Oui, c’est inhumain pour moi de mettre les gens dans ces cases. » Que vous inspirent leurs propos ?
Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky – La remarque de Raoul est intéressante. Il souligne le fait que les catégories distinguent les migrants qui sont légitimes de ceux qui ne le sont pas, ceux qui sont en « infraction » (terme directement emprunté au droit, celui qui est « en infraction » est celui qui ne respecte pas la loi) de ceux qui sont « en règle ».
Ces catégories exercent une violence inouïe sur les sujets : au nom d’une politique du droit d’asile, l’administration les traite comme des dossiers. Ces catégories, au service de politiques migratoires, essentialisent et homogénéisent ; elles enferment des populations dans des cadres identitaires. Elles réduisent des hommes et des femmes à être des « suspects », des victimes. Et leur discours est tordu par le cadre même de son recueil. Les catégories risquent ainsi de réduire au silence la voix du sujet. D’ailleurs, les catégories renseignent plus sur celui qui catégorise que sur les personnes sur lesquelles elles portent.
Comme les cases ne correspondent plus aux profils des personnes, les gens cherchent à entrer dans celle qui leur permettra d’entrer légalement sur le territoire et de s’y maintenir.
Catherine Wihtol de Wenden – La classification sert à donner des droits, ou à les refuser. Les gens à la recherche de droits parlent de « faire sa carri
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