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Les maires demeurent les représentants politiques les plus appréciés des Français. Le niveau de confiance à leur égard reste le plus élevé (71 %), bien avant tous les autres élus, locaux ou nationaux. « Les raisons de ce plébiscite tiennent à un ensemble d’éléments, alliant proximité et exemplarité. Quelle que soit la taille de la commune, les quatre premières qualités attendues d’un maire sont l’honnêteté (40 %), le respect des promesses (19 %), la proximité (18 %) et la compétence (14 %)1 ».
Dans un contexte de défiance à l’égard des politiques, la popularité de la figure du maire témoigne d’un espace où la démocratie garde tout son sens. Ces chiffres nous invitent aussi à prendre au sérieux la dimension spatiale. Un quartier, une usine, un terrain de football ou une paroisse renvoient à une histoire personnelle ou familiale. Loin de composer les éléments d’un simple décor, ces lieux demeurent des points d’ancrage et d’attachement.
Face à ce constat, explorons cette hypothèse : l’échelle municipale est-elle à privilégier pour oxygéner l’action publique ? Les politiques du proche seraient-elles plus inclusives et efficaces ? Comment appréhender alors les élections municipales de 2020 ?
Non seulement la question de la bonne échelle se complique, mais, plus généralement, ce sont les manières de faire la ville qui sont en pleine recomposition
Ancien maire de Grande-Synthe, Damien Carême nous parle du pouvoir réel de l’équipe municipale sur des sujets aussi importants que l’écologie sociale et les migrations. Un reportage à Saillans, village de la Drôme, relate la manière dont des habitants inventent une nouvelle forme de démocratie.
Pour autant, un des enjeux majeurs du scrutin municipal se situe aujourd’hui au niveau des intercommunalités. Ce mot quelque peu abscons évoque un millefeuille administratif. Devant l’obligation de réduire les dépenses publiques, les 35 294 communes que compte la France se sont regroupées en ensembles intercommunaux au nombre de 1 263 en 2018. Cette nouvelle organisation du territoire, qui n’est pas sans susciter craintes et critiques, nous conduit à décrypter les relations entre les communes et leur intercommunalité. Non seulement la question de la bonne échelle se complique, mais, plus généralement, ce sont les manières de faire la ville qui sont en pleine recomposition.
Les prochaines élections, en mars 2020, permettront enfin d’évaluer dans quelle mesure le mouvement des « gilets jaunes » investira la politique locale. Quant aux jeunes de l’association Tous Élus, l’échelon municipal représente à leurs yeux « la marche la moins haute pour entrer en politique ». Après un dossier sur le débat, la Revue Projet vous invite à prolonger la réflexion engagée dans le cadre de sa série « Réinvestir la démocratie » (2019/2022).
1 Deuxième enquête de l’Observatoire de la démocratie de proximité, Association des maires de France et Sciences Po, Cevipof, Martial Foucault, juillet 2019.