Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Les enquêtes de l’Insee montrent qu’être femme et jeune surexpose aux violences1. Les injures proférées contre les femmes sont sexistes une fois sur trois, contre moins d’une fois sur vingt chez les hommes. En France, hors du ménage, une femme sur cinq âgée de 18 à 29 ans a essuyé des injures, une sur dix a subi des caresses et des baisers non désirés et autant des menaces. Pour les délits plus graves, 4 % d’entre elles ont subi une agression physique et 2 % un viol (contre moins de 1 % en moyenne pour l’ensemble de la population).
Sur une année, on estime que 93 000 femmes âgées de 18 à 75 ans ont été victimes de viols et/ou de tentatives de viol et que 225 000 femmes ont été victimes de violences conjugales graves. Parmi celles-ci, 1 sur 6 a déposé plainte. 88 % des 110 000 victimes déclarées de violence en 2016 sont des femmes et pour 70 % d’entre elles, ces violences sont le fait de leur partenaire ou ex-partenaire.
En France, 145 000 enfants vivent dans un foyer où une femme a déclaré être victime de violences physiques et/ou sexuelles de la part de son conjoint ou ex-conjoint. 42 % de ces enfants ont moins de 6 ans. La prévalence des violences au sein du couple est identique en milieu rural et en milieu urbain.
Aucune évolution significative des indicateurs n’est observée depuis quarante ans pour l’âge médian2 lors du premier rapport sexuel3 : 17,6 ans pour les filles et 17 ans pour les garçons, sans différence notable selon le milieu social. 33 % des filles et 23 % des garçons auront leur premier rapport après 19 ans. Si dans les années 1960, le premier rapport sexuel d’un homme sur cinq se faisait avec une prostituée, en 2007, cela était devenu rarissime. Quand la grande majorité des personnes interrogées déclarent avoir souhaité ce premier rapport « à ce moment-là », les jeunes filles reconnaissent plus souvent avoir eu un rapport non désiré (11 % contre 7 %), voire y avoir été forcées (1,7 % contre 0,3 % pour les garçons).
Selon une étude scientifique allemande, près d’un(e) adolescent(e) homosexuel (le) 4 sur cinq (18 %) affirme avoir tenté au moins une fois de mettre fin à ses jours. À l’annonce de leur homosexualité, plus de 50 % se sont heurtés à une réaction négative de la part de leur environnement familial et 2 sur 3 ont subi des violences verbales, voire physiques au sein de leur famille5.
12 % des jeunes affirment avoir été harcelés ou agressés sur Internet ou sur les réseaux sociaux : les filles plus souvent (13 %) que les garçons (11 %) 6. Notons qu’un quart des 18-22 ans estiment passer plus de cinq heures par jour sur les réseaux sociaux, 10 % y consacrant plus de huit heures chaque jour. 34 % voient des images sur Internet ou à la télévision qui les choquent ou leur font peur. 21 % des jeunes (dont 15 % des 14-17 ans) regardent de la pornographie au moins une fois par semaine et 9 % en ont une consommation quotidienne.
Nota bene : Les statistiques touchant à l’intimité sont à prendre avec des pincettes. Elles ne peuvent provenir que de sondages dont les réponses ne sont pas vérifiables. Quelles que soient les techniques pour assurer l’anonymat des réponses, elles ne suppriment pas les biais de compréhension des questions (les « violences sexuelles » ont-elles la même définition pour tous ?) ou l’évolution des définitions (la définition légale du viol a évolué au cours des années).
1 Lorraine Tournyol du Clos et Thomas Le Jeannic, Les violences faites aux femmes, Insee Première, n° 1180, 2008 ; Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF), La lettre de l’Observatoire national des violences faites aux femmes, n° 4, 2014 ; Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF), La lettre de l’Observatoire national des violences faites aux femmes, n° 12, 2017. Les pourcentages ont été arrondis pour plus de lisibilité.
2 Âge où 50 % de la population a eu son premier rapport sexuel.
3 Nathalie Bajos, Delphine Rahib et Nathalie Lydié, Genre et sexualité. D’une décennie à l’autre. Baromètre santé 2016, Santé publique France, 2018.
4 D’après plusieurs études (France, Canada, Usa), on estime à 1,5 % de la population ceux et celles qui « se reconnaissent être une personne LGBT », alors que 4 % affirment avoir eu des relations avec une personne de même sexe. Soulignons que 1,5 % représente une trentaine d’élèves pour une école de 2 000 jeunes
5 « Sie liebt sie. Er liebt er. » Étude berlinoise sur la situation psychosociale des adolescents homosexuels (217 personnes entre 15 et 27 ans), Administration du Sénat, Berlin, 1999.
6 Ces chiffres et ceux qui suivent proviennent d’une enquête Ipsos, « Les addictions chez les jeunes », Fonds actions addictions, Fondation Gabriel Péri, Fondation pour l’Innovation politique, 2018.