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Parlons du genre !
« Pour débattre sereinement du genre, il importe d’accepter que se confrontent des visions différentes de ce que faire société veut dire. C’est ce que nous avons voulu faire avec ce numéro. » Aurore Chaillou, rédactrice en chef adjointe de la « Revue Projet »
Retrouvez l’édito « Parlons du genre ! » présentant la démarche de notre question en débat « L’éducation a-t-elle un genre ? ».
Comment aborder la construction de soi avec des collégiens et lycéens ? Faut-il leur parler du « genre » ?
C. Behaghel - Je démarre les séances à partir d’un questionnaire anonyme que les jeunes ont rempli et que j’ai reçu avant de les rencontrer. Cela permet d’avoir un aperçu de la classe. Les thèmes qu’ils souhaitent aborder sont vastes : cela va des relations amicales à la pornographie, en passant par les maladies sexuellement transmissibles, l’avortement, les relations avec les parents… Nous ne parlons pas du « genre » parce que nous n’utilisons pas de termes qui pourraient être mal perçus ou trop compliqués à comprendre. Ce qui m’intéresse, c’est de partir de leurs préoccupations.
Dr Kpote - Il n’est pas nécessaire de prononcer le mot « genre » pour en parler. Au moment de la Manif pour tous et des débats autour des « ABCD de l’égalité », on a dit que les « gender » allaient attaquer les écoles, que nous allions apprendre la masturbation aux enfants de maternelle… Pour les animateurs de prévention, ce fut très violent : notre métier, notre manière d’être et notre discours étaient attaqués par des personnes qui ne connaissaient pas le fond de nos interventions. Le genre est bien une question centrale et transversale, surtout lorsqu’on intervient sur les vulnérabilités dans la relation. Par exemple : qui décide d’utiliser ou non un préservatif ? Qui décide ou non d’une relation sexuelle ?
Je trouve toujours très éclairant d’avoir un échange sur les identités de genre, l’expression du genre et l’orientation sexuelle. Je crois qu’on peut dire aux plus jeunes, sans insister lourdement, qu’on a le droit de tomber amoureux d’un garçon lorsqu’on est un garçon et d’une fille lorsqu’on est une fille. Ce qui les aidera à ne pas avoir peur, si cela leur arrive un jour. Je les fais aussi réfléchir à la notion de « sexe d’assignation », pour leur montrer qu’on peut avoir un sexe masculin et se sentir féminin. Si on me dit que je suis garçon, cela ne m’empêche pas, dans mon vécu, mon ressenti, mon parcours de me sentir fille. Je peux aussi leur parler des personnes transgenres et du moment où certaines décident de faire la transition. En leur signalant que cela existe, je peux voir que certains se sentent concernés par cette situation et se questionnent sur la façon dont ils vivent leur genre.
C. Behaghel - Le mot « genre » a été beaucoup trop tiraillé par les uns et les autres. Je préfère parler de l’identité de l’homme et de la femme, du respect du corps. Cela permet de travailler sur la vision qu’ils ont de l’autre. Sans cela, c’est forcément le plus fort qui rendra difficile la relation avec le plus faible. Et ce n’est pas que sur le plan physique : on touche aussi aux différences intellectuelles, à la confiance en soi…
J’imagine qu’on peut parler du « genre » aux plus grands, mais pas avant la classe de Première. Plus tôt, ils doivent surtout gérer les transformations de leur corps avec des ressentis différents : là où les premiers signes de puberté peuvent être ressentis comme de la fierté chez un garçon, une fille peut vivre mal ses premières règles. En deux heures, je préfère me concentrer sur les questions de leur âge et les aider à se sentir mieux dans leur peau.
Dr Kpote - Ce n’est pas incompatible ! À n’importe quel âge, on peut aborder l’impact des stéréotypes de genre, en montrant des catalogues de jouets ou des publicités par exemple.
Quelles visions ont les jeunes des relations affectives et sexuelles ?
C. Behaghel - Les adolescents ont parfois une vue utilitaire de la sexualité, sous le seul angle du plaisir. Lorsqu’ils sont en couple, si l’un est plus investi que l’autre dans la relation, le rejet peut être dur à vivre. Un jour, une élève de Seconde m’a dit : « On nous prend pour des mouchoirs. On nous prend et on nous jette. » L’image est très forte ! Et les filles ne sont pas les seules à le ressentir, des garçons disent la même chose. Ils ont fait l’expérience qu’ils n’étaient pas reconnus pour eux-mêmes et en souffrent.
Dr Kpote - Ils sont le reflet de ce qu’ils perçoivent de la société. Les ados sont en pleine construction et sont très sensibles à ce qu’ils entendent. N’oublions pas tout ce qui est ressorti, après l’affaire Weinstein, avec les fils de discussion #Meetoo et #Balancetonporc. Le sexisme est présent partout : l’attitude du cadre supérieur qui reluque sa collègue à la machine à café n’est pas plus acceptable que les propos que se disent les jeunes entre eux.
Dans beaucoup de familles et de milieux, l’injonction à la virilité pour les garçons et à la séduction pour les filles est très présente. On cautionne beaucoup plus la prise de risques pour les garçons. Ce qui les met en danger : ils sont plus incarcérés que les filles, se droguent plus et ont plus d’accidents. Les garçons disent ressentir une pression qui n’est pas toujours facile à assumer. Sans parler de ce qu’ils se disent entre eux : ils doivent, en toutes circonstances, être ultra virils sous peine d’être traités de « tapettes ». Dans les quartiers, les policiers ne sont pas les derniers à reprendre des termes féminins pour humilier les jeunes : lorsqu’ils se font arrêtés, ils sont traités de « salope », de « petite pute ». Et si une fille va sur le territoire du masculin, elle est traitée de « garçon manqué », comme si c’était une fille ratée ! Cela induit beaucoup de choses dans les relations.
Quels sont les objectifs de vos interventions ?
C. Behaghel - Peu d’adultes sont à l’écoute de ce que les jeunes ressentent à cette période de leur vie. Ils ne peuvent aborder les questions liées à la sexualité avec leurs parents et sont parfois en souffrance. Lorsque j’interviens auprès de groupes de filles, beaucoup découvrent complétement ce qui se passe dans leur corps. Il est essentiel de passer du temps pour leur donner des repères plutôt que de partir sur des notions plus éloignées d’eux.
Dr Kpote - Pour moi, les objectifs d’une animation se situent à plusieurs niveaux : définir avec les jeunes ce qu’est une vie amoureuse et sexuelle épanouie et limiter les risques ; les aider à identifier les personnes ressources, parce qu’en deux heures d’intervention, nous ne pourrons pas tout traiter. Notre rôle est aussi de bousculer leurs représentations en questionnant les normes de la société.
Comment a évolué la manière de parler des « conduites à risque », depuis les années 1980 et 1990, où les interventions étaient très (trop ?) hygiénistes ?
Dr Kpote – Lors de mes premières interventions, on était en plein dans les années Sida. Je militais à Act up. Il y avait alors un vrai sentiment d’urgence à intervenir dans les classes, lié aux milliers de morts du VIH. Il fallait contrer l’épidémie, au risque d’être parfois un peu crus sur la façon dont nous parlions des choses avec les jeunes. À l’époque, en effet, les interventions étaient uniquement hygiénistes. Aujourd’hui, je passe beaucoup de temps sur le consentement. Cela me permet d’évoquer les vulnérabilités, qui concernent majoritairement les filles et les minorités de genre. En travaillant sur l’importance d’une relation consentie, on peut identifier comment et pourquoi une fille finit par accepter une relation sexuelle qu’elle refusait au départ.
Cette difficulté à dire non est liée à ce qui est véhiculé dès le plus jeune âge, y compris dans les familles. Un jour, ma fille m’explique que, en récréation, les garçons utilisent toute la cour de l’école pour jouer au foot. Aux filles, on laissait un tout petit espace. Elles sont allées voir le directeur pour trouver une solution. Aujourd’hui, une moitié de la cour est dédiée au foot et une moitié aux autres activités. Si, dès le primaire, on dit aux filles, notamment à la récréation : « Restez dans votre coin et ne faites pas de bruit », elles feront la même chose dans la rue, au travail… Il faut leur apprendre à dire non, qu’elles en ont le droit et qu’elles en sont capables. C’est le fondement de toute relation !
C. Behaghel - Cette notion de consentement dans le respect me paraît effectivement essentielle : quand je te demande quelque chose, si tu réponds non, je respecte ton non. Il n’y a qu’en abordant les choses sous cet angle que nous serons sûrs de répondre aux questions des jeunes et aux problématiques de l’éducation affective, relationnelle et sexuelle. Car nous sommes aussi là pour les aider à se réconcilier avec eux-mêmes, à trouver des ressources pour faire leurs propres choix, en particulier lorsque nous intervenons auprès des adolescents.
Les jeunes sont plutôt contents de nos interventions. Je crois que c’est lié à la pression qu’ils ressentent entre eux. Des filles m’ont déjà dit se sentir rassurées après une séance : elles venaient de comprendre qu’elles n’étaient pas obligées de passer à l’acte tout de suite, qu’elles avaient le temps.
Lorsque vous faites des interventions différenciées pour les garçons et les filles, avez-vous des questions très différentes ?
C. Behaghel - Jusqu’à la 4e, nous faisons des interventions en séparant les garçons et les filles. Comme ils ont beaucoup de questions sur la découverte de leur corps (ou du corps de l’autre), ils sont plus spontanés ainsi. Ils peuvent être très gênés par le regard de l’autre.
Un jour, à la demande d’un collège, nous avons abordé, la question de la pornographie avec une classe de 4e, en interrogeant séparément garçons et filles sur ce sujet. Une majorité de filles disaient : « C’est dégueulasse », quand les garçons disaient trouver cela plutôt marrant. Lorsque nous les avons réunis, les garçons se sont fait descendre ! À partir de là, nous voulions surtout souligner le fait que les filles ne se sentaient pas respectées dans le « porno » et qu’elles pouvaient le dire.
Dr Kpote - Généralement, j’interviens devant tout le groupe. Bien évidemment, dans les filières techniques ou professionnelles, la question ne se pose pas : en mécanique-auto, on trouve très peu de filles et il n’y a aucun garçon en esthétique. Il y a quelques années, nous avions un modèle d’intervention qui fonctionnait très bien, avec trois séances par classe, ce qui laissait le temps de les voir tous ensemble puis de faire des petits groupes pour répondre aux questions qui ne sont jamais posées devant toute la classe. Lors de la dernière séance, on regroupait tout le monde pour voir ce qui était commun ou différent.
Comment éduquer au respect du corps, du sien et de celui des autres, face à l’omniprésence du sexe dans les publicités, les films, les séries, sur Internet ?
Dr Kpote - Cela fait huit ans que je parle de la pornographie en animation. Lorsque l’on regarde un peu les thèmes des sites, on retrouve beaucoup de points communs avec les pratiques sexuelles des jeunes. Les titres même des films sont assez significatifs. Généralement, il s’agit de rapports hétérosexuels et c’est toujours la femme qui subit, qui est inactive, pendant que l’homme fait d’elle ce qu’il souhaite. Les jeunes pensent souvent que ces films leur montrent la réalité.
Sur Instagram, les jeunes suivent des stars qui se montrent à moitié nues en permanence ! Ils échangent beaucoup sur les réseaux sociaux où ils se mettent d’ailleurs en danger : ils se photographient eux-mêmes, se mettent en scène… Avec le risque d’être cyber-harcelés s’ils en montrent trop !
En matière d’éducation affective et sexuelle, qu’est-ce qui relève du rôle de l’école et qu’est-ce qui incombe aux parents ?
C. Behaghel - Il n’est pas toujours simple pour les parents de parler de sexualité avec leurs enfants. Une maman me disait, à juste titre, qu’on ne peut pas aborder le sujet d’un coup, à 15 ans. Dans une famille, cela me paraît important d’introduire assez tôt et par petits touches une parole sur le corps, sur la pudeur et l’intimité, sur les évolutions liées à la puberté… Il sera ensuite plus simple pour les parents de répondre à une question précise le jour venu.
Dr Kpote - Les parents peuvent très bien renvoyer leurs jeunes vers des personnes ressources. C’est souvent assez gênant pour les ados d’aborder ces questions-là avec leurs propres parents.
Vous proposez chacun un modèle de relation dans vos interventions. À quoi rêvent les jeunes que vous rencontrez ?
C. Behaghel - Je ne pense pas que les jeunes aujourd’hui rêvent de changer de partenaire tout au long de leur vie. Est-ce un modèle libérateur ou une source de stress ? L’important est qu’ils ne s’utilisent pas comme objet sexuel. En particulier à l’adolescence où l’on est attiré par la découverte et l’expérience et où l’autre n’est pas réellement pris en compte. Lorsqu’on leur dit qu’ils peuvent aimer toute la vie une même personne, on parle aussi de choix avec eux. Qu’est-ce qui est le plus important : ressentir un plaisir dans son corps ou interroger aussi son intelligence et son cœur ?
Dr Kpote - On peut très bien vivre des expériences et différentes formes d’amour. C’est aux jeunes de voir ce qu’ils veulent en faire. Je n’ai pas de définition de l’amour, chacun en a sa propre vision. Lorsqu’on leur demande ce qu’ils en pensent, on entend aussi bien : « J’ai envie d’être avec quelqu’un, d’avoir des enfants, une maison », « l’amour, ça n’existe pas », « cela ne me fait pas rêver ». Ils sont jeunes, ils ont besoin d’apprendre ! Je n’exclus pas l’idée de vivre toute sa vie avec la même personne, mais dire que l’amour doit durer éternellement leur met beaucoup de pression. Et ce n’est pas la réalité ! Dans nos interventions, il faut que l’on soit le plus inclusif possible pour ne pas oublier ce que vivent les jeunes, chez eux. Il existe des familles monoparentales, recomposées, homoparentales… Le schéma familial type a beaucoup évolué. Alors je préfère dire que tous les amours sont possibles, qu’ils auront peut-être un, dix ou cent partenaires au cours de leur vie. Ce qui peut, bien sûr, choquer certains jeunes.
C. Behaghel - Cette posture me paraît dangereuse. Cela risque d’inciter les jeunes à multiplier les conquêtes pour avoir le plus beau « tableau de chasse ». Cette vision de l’amour va-t-elle dans le sens du respect ? Dans le rêve ou l’espérance, il y a peut-être ce besoin d’un amour privilégié. Je dis explicitement aux jeunes que je leur souhaite des relations longues.
Dr Kpote - Le respect n’a rien à voir avec la durée de la relation. Il n’y a pas le « coup d’un soir » et la femme ou l’homme de ma vie. Chaque rencontre, qu’elle dure une heure, quelques jours ou toute une vie, doit être consentie par les deux partenaires et se faire dans le respect de l’autre. Certains couples passent cinquante ans ensemble sans être réellement en relation. Une relation basée uniquement sur le sexe peut être tout à fait respectueuse. Et la relation d’un soir peut devenir celle d’une vie. La sexualité, la vie amoureuse et la vie affective recoupent des réalités très diverses. Je n’ai pas envie de leur dire ce qui est bien ou pas.
C. Behaghel - Je distingue les « relations » sexuelles et les « rapports » sexuels. Bien sûr, la rencontre en boîte de nuit peut se faire dans le respect. Mais cela n’a rien à voir avec une relation dans le temps où l’on découvre l’autre dans son entité de personne et pas uniquement sur son aspect physique. J’essaie de faire comprendre aux jeunes que le corps n’est pas le seul critère. Je n’ai pas envie de leur dire qu’ils peuvent tout faire. Je préfère leur souhaiter de belles choses ! L’EARS, ce n’est pas uniquement la prévention des risques. J’essaie de leur faire comprendre que la sexualité ne pourra se déployer qu’en étant pleinement en relation avec l’autre. La relation, cela veut dire établir des liens avec quelqu’un. Et ce qui est vécu en une journée ou quelques jours ne sera jamais aussi riche que des liens établis dans la durée.
Je plaide pour des relations longues mais je leur dis aussi qu’ils feront leurs propres choix. Cela me permet de les inviter à attendre, à ne pas vouloir tout, tout de suite, pour prendre le temps de réfléchir à ce dont ils ont envie.
Comment réagir lorsqu’un jeune souhaite évoquer une situation sensible ?
Dr Kpote - Lorsque je sens qu’un jeune a envie de raconter quelque chose de trop intime (une agression, un viol, un gros souci avec les parents), j’essaie de réagir très vite. Je rappelle tout de suite que le but de l’animation n’est pas d’aborder les histoires personnelles, mais qu’on peut en parler en dehors avec l’infirmière ou toute personne ressource. En confiant une histoire trop sensible, un jeune peut se mettre en danger vis-à-vis du groupe : les autres ne le rateront pas après notre départ. Sans parler des dégâts possibles sur les réseaux sociaux ! Nous devons rester très vigilants sur ce qui se joue entre eux. Les adolescents sont loin d’être tendres les uns envers les autres. Nous ne sommes pas là pour entrer dans la vie de chacun mais pour les aider à s’interroger.
Peut-on mettre à distance ses propres questionnements, sa vision des choses, quand on intervient dans un domaine aussi sensible que l’éducation affective, relationnelle et sexuelle ?
Dr Kpote - Avant de rencontrer un groupe, je mets de côté mes opinions personnelles. J’essaie d’éviter tout jugement sur ce qu’ils me confient. Pour faire ce travail, il y a une vraie distance à prendre avec ses opinions politiques, philosophiques, religieuses… À force de les rencontrer et de les écouter, j’ai autant appris des jeunes que je leur ai donné. Ils m’ont permis de bousculer mes représentations.
C. Behaghel - Pour écouter les jeunes, il faut mettre de côté ses préoccupations et ce que l’on est. Sinon, on n’est pas à l’écoute. Un message trop figé empêcherait la discussion. C’est pour cela que nous leur proposons de nous poser des questions avant de les rencontrer, même si certains sujets sont incontournables. Mais il n’y a jamais deux interventions identiques. Et ils évoluent en une année scolaire : les 4e rencontrés en octobre auront beaucoup changé quelques mois plus tard.
Comment faire pour que l’éducation affective, relationnelle et sexuelle ne se cantonne pas à une intervention de deux heures par an et par classe, qui plus est par un intervenant extérieur à l’établissement ?
Dr Kpote - Les jeunes enseignants abordent de plus en plus ces sujets, j’en parle avec eux. En cours de SVT ou de mathématiques, l’enseignant peut aussi montrer aux élèves comment les femmes scientifiques sont oubliées des manuels scolaires ou que les noms des théorèmes sont exclusivement masculins. Il y a des liens assez faciles à faire entre les disciplines.
C. Behaghel - Il faudrait qu’il y ait un suivi et que nous puissions revoir les jeunes d’une année sur l’autre. Certaines questions sont posées à un âge mais resurgissent plus tard. Mais aujourd’hui, nous ne sommes pas suffisamment nombreux pour répondre aux demandes de tous les établissements. D’autant que ce n’est pas un métier très valorisé. Il est important que les établissements s’impliquent de plus en plus. Et il y a une vraie prise de conscience des professeurs.
Dr Kpote - Les jeunes ont les mêmes professeurs toute l’année. C’est moins facile pour eux de se confier à quelqu’un qu’ils reverront jusqu’au mois de juin. Nous, au contraire, nous sommes de passage et les jeunes savent que nous ne reparlerons pas de ce qu’ils nous ont dit au prochain conseil de classe. D’autant que certains enseignants pourraient se permettre des petites remarques pendant l’intervention, sur le ton de la blague, qui peuvent être très humiliantes… Il est important que l’EARS soit faite par des personnes extérieures à l’établissement.
Propos recueillis par Aurore Chaillou et Anne de Mullenheim le 8 octobre à Paris.