Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Le secteur de la chaussure est sans doute moins étudié en sciences sociales que celui du vêtement. Les problèmes sociaux et environnementaux qu’engendrent les nouvelles formes industrielles s’y posent pourtant avec la même acuité. Dès lors, le détour par l’histoire s’avère particulièrement riche pour envisager les luttes et alternatives qui visent à promouvoir une économie plus respectueuse des personnes et de la nature. Car l’histoire de ce qui fut longtemps un métier, celui des cordonniers, présente d’étonnantes spécificités. Celles-ci tiennent à une identité professionnelle originale. Construite dans la période préindustrielle, elle se transforme pour résister aux effets de l’industrialisation de l’activité. L’histoire de la chaussure témoigne aussi de l’ouverture du champ des possibles pour organiser les réponses à un besoin donné, par la diversité de ses formes d’organisation productive, du compagnonnage à la grande industrie, en passant par les agglomérations de petites entreprises spécialisées. Revisiter ce pluralisme semble très opportun à l’heure où les logiques fondatrices du modèle capitaliste – la quête du profit et de la croissance, l’aliénation au travail, la prédation des ressources naturelles – sont de plus en plus questionnées. C’est ce à quoi nous nous attacherons en nous appuyant largement sur les travaux des historiens Eric Hobsbawm et Florent Le Bot pour analyser les liens entre organisation productive et activisme politique dans la période préindustrielle et les débuts de l’industrie de la chaussure.
« En France comme en Angleterre, le cordonnier était réputé pour son amour de la liberté et son rôle de politicien de village1 ». Partant de ce constat, Eric Hobsbawm et Joan W
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