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En 2010, le Cambodge et le Bangladesh ont connu des manifestations massives de travailleurs du textile 1, à peine apaisées depuis. Leur revendication ? Un salaire décent. Un des problèmes centraux de l’industrie est en effet la persistance, dans de nombreux pays de production, de salaires trop bas pour permettre aux travailleurs (et surtout travailleuses, qui constituent 85 % de la main-d’œuvre) de vivre dignement. Le salaire vital est pourtant un droit humain fondamental, consacré par le droit international. Il se distingue du salaire minimum (qui, dans ces pays, équivaut souvent à un salaire de pauvreté) en cela qu’il doit permettre au travailleur de répondre à ses besoins fondamentaux – autrement dit, ses droits – et à ceux de sa famille (se loger, se nourrir, se soigner, etc.), mais aussi de pallier les aléas de la vie et d’envisager l’avenir. En l’absence de revenus indirects (protection sociale) ou issus de la redistribution, le salaire représente dans ces pays la principale, sinon la seule, source de revenus.
C’est bien sûr aux États qu’il revient de fixer le salaire minimum national à un niveau permettant de vivre décemment. Mais leur latitude est bien mince dans la course au moins-disant social menée par les multinationales du secteur, qui les expose à des délocalisations. La Chine en a fait l’expérience, mais elle avait les ressources nécessaires pour opérer une diversification de son économie. Ce n’est pas le cas du Bangladesh ou du Cambodge, qui dépendent pour près de 80 % du secteur textile-habillement pour leurs entrées en devises et se retrouvent ainsi prisonniers d’un modèle de développement encouragé dans les années 2000 par l’Union européenne notamment, fondé sur une sur-spécialisation dans un secteur à faible valeur ajoutée et entièrement tourné vers l’expor
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