Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Nous sommes à la veille de 2015 et il est aujourd’hui évident que les objectifs des Nations unies ne seront pas atteints. Leur pertinence ne fait pas de doute, mais comment les membres de la Via campesina et les organisations paysannes nationales prennent-ils part à leur réalisation ? Comment prendront-ils en charge les objectifs après 2015 ? Voilà la véritable question. On peut identifier, parmi ces objectifs, ceux auxquels nous pouvons contribuer : l’autonomie communautaire (à travers la participation et la direction dans la conception, la réalisation, le contrôle et l’évaluation des actions), des actions basées sur le croisement des recherches scientifiques et des savoirs locaux éprouvés, l’empowerment des organisations paysannes (des femmes en particulier), l’identification et la conception de modèles agricoles susceptibles d’être copiés de village en village. Encore faut-il que chaque gouvernement opte pour la souveraineté alimentaire dans son pays, en soutenant des politiques publiques qui défendent et promeuvent l’agriculture familiale !
« Que chaque gouvernement opte pour la souveraineté alimentaire dans son pays, en soutenant des politiques publiques qui promeuvent l’agriculture familiale ! »
Les petits agriculteurs doivent être reconnus comme des acteurs importants dans chaque pays, particulièrement en Afrique où l’élimination de l’agriculture paysanne et son remplacement par une agriculture industrielle semblent tenir lieu de vision pour un grand nombre de gouvernements et d’entreprises multinationales. En Afrique, comme au niveau international, les organisations paysannes ont débattu des valeurs du savoir traditionnel paysan et de la protection des semences autochtones1. Mais nous sommes menacés par ceux qui cherchent à imposer des systèmes de semences contrôlés par les entreprises multinationales, qui minent nos pratiques. Notre but est de résister, en défendant les semences autochtones et en combattant les entreprises multinationales. L’implication de nos organisations dans les débats et la conception des objectifs est indispensable à leur réalisation.
Et vous, quels objectifs fixeriez-vous ?
Ils s’y sont essayés, et vous ? Nous vous encourageons à nous proposer vos propres objectifs pour le développement, en respectant les instructions aux auteurs.
« Financer l’après-2015 par une fiscalité juste », par Dereje Alemayehu (Éthiopie), Alliance globale pour la justice fiscale
« Un revenu minimum pour éradiquer la misère », par Judith Randel (Royaume-Uni), Development Initiatives
« Prendre les plus délaissés comme partenaires », par Isabelle Pypaert Perrin (Belgique), Mouvement international ATD Quart Monde
« Tourner le secteur privé vers l’intérêt général », Nathalie Péré-Marzano (France), Crid, Action mondiale contre la pauvreté-France
« Dénucléariser Israël », par Michel Warschawski (Israel), Centre d’information alternative de Jérusalem
« (Re)donner à chacun une existence », par Pierre-Marie Espagnet (France), Délégation catholique pour la coopération, Centre d’accueil de migrants à Rabat (Maroc)
« L’éminente responsabilité des pays ‘développés’ », par Christian Comeliau (France), économiste du développement
1 Cf. « Nos semences, notre futur », Les cahiers de la Via campesina, n°6, juin 2013, 58 p.