Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
D’ici 2030, nous pouvons en finir avec l’extrême pauvreté. Et cela sans être idéaliste ! Les études disponibles montrent qu’abolir l’extrême pauvreté est matériellement possible. La pauvreté recouvre de multiples dimensions : du niveau de revenu à l’accès à une alimentation convenable, en passant par l’accès aux soins de base, les questions d’éducation et de logement, ou encore le droit à l’information et le droit à la protection contre les discriminations. Néanmoins, la première étape vers un bien-être global est de s’assurer que personne ne vit avec moins de 1,25 dollar par jour, où que ce soit dans le monde. Poser pour 2030 l’ultimatum d’en finir avec l’extrême pauvreté doit permettre de maintenir la dynamique impulsée par les Objectifs du millénaire pour le développement en s’assurant – pour la première fois – que personne n’est laissé de côté.
Encore faut-il évaluer les coûts et déterminer les échéances d’un tel objectif. La croissance économique est l’une des clés de la réduction de la pauvreté, mais elle ne permettra pas de l’abolir totalement. Dans les scénarios les plus optimistes, plus de 100 millions de personnes vivraient encore dans une pauvreté extrême en 2030. Pour les plus pessimistes, c’est 1,04 milliard de personnes qui seraient laissées de coté. Et en effet beaucoup sont dans une misère telle que la croissance seule ne suffira pas à venir à bout de barrières structurelles. D’autres mesures devront l’accompagner.
Pour franchir ces barrières et pour s’assurer que la communauté internationale se concentre sur l’aide aux plus marginalisés, tous les gouvernements doivent s’engager à garantir un revenu minimum de base à leurs citoyens. Cet engagement, pour être assuré au niveau national, suppose diverses politiques d’intervention (transferts, assurances, protection sociale) afin de protéger les revenus des plus démunis. Quand les gouvernements ne seront pas en mesure d’en assumer la charge, ce sera à l’aide internationale d’intervenir en dernier ressort. Cet engagement permettra aux plus vulnérables de faire face aux risques, de réaliser de petits investissements, de saisir des opportunités.
En accédant à l’information, les personnes peuvent faire valoir leurs droits, prendre pleinement part aux décisions qui les concernent.
Le programme de développement pour après 2015 doit inclure aussi la question de l’accès à l’information. Nous savons tous que savoir, c’est pouvoir. En accédant à l’information, les personnes peuvent faire valoir leurs droits, prendre pleinement part aux décisions qui les concernent, demander des comptes aux gouvernements et aux autres acteurs décisionnaires, agir pour l’amélioration de la qualité des services et la réduction de la corruption. Faire de l’accès à l’information un objectif à part entière est un moyen de leur donner un contrôle et une liberté de choix dans les décisions qui ont un impact sur leur vie. Cet objectif, dès lors, interroge la répartition du pouvoir entre gouvernements, société civile et secteur privé. Il appelle à évaluer les progrès réalisés en termes de transparence, de participation et d’autonomie. Plus encore, il servira finalement de base au succès des autres objectifs, pour que les pays, les citoyens, les sociétés civiles utilisent l’information afin de trouver des solutions locales face aux défis de court et long termes, à mesure qu’ils se présentent.
Texte traduit de l’anglais par Aurore Chaillou.
Et vous, quels objectifs fixeriez-vous ?
Ils s’y sont essayés, et vous ? Nous vous encourageons à nous proposer vos propres objectifs pour le développement, en respectant les instructions aux auteurs.
« Financer l’après-2015 par une fiscalité juste », par Dereje Alemayehu (Éthiopie), Alliance globale pour la justice fiscale
« Prendre les plus délaissés comme partenaires », par Isabelle Pypaert Perrin (Belgique), Mouvement international ATD Quart Monde
« Tourner le secteur privé vers l’intérêt général », Nathalie Péré-Marzano (France), Crid, Action mondiale contre la pauvreté-France
« Dénucléariser Israël », par Michel Warschawski (Israel), Centre d’information alternative de Jérusalem
« Défendre les petits agriculteurs », par Ndiakhate Fall (Sénégal), Conseil national de concertation et de coopération des ruraux/Via Campesina
« (Re)donner à chacun une existence », par Pierre-Marie Espagnet (France), Délégation catholique pour la coopération, Centre d’accueil de migrants à Rabat (Maroc)
« L’éminente responsabilité des pays ‘développés’ », par Christian Comeliau (France), économiste du développement