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Dans un contexte de pandémie, que faire de la dette publique ? Pour l’économiste Gaël Giraud, son annulation est d’ores et déjà possible, grâce à la Banque centrale européenne.
Depuis le début de la pandémie, le déficit budgétaire se creuse. Le « quoi qu’il en coûte », nouveau credo du gouvernement, commence à susciter des questions sur les capacités du pays à rembourser ses dettes. Faut-il s’en inquiéter ?
Gaël Giraud – Dans une situation où, comme aujourd’hui, il n’y a pas de croissance, ni d’inflation, rembourser ses dettes risque de nous plonger dans la déflation sans pour autant diminuer notre taux d’endettement. Car la France n’est pas la seule à s’être endettée et, si tout le monde vend ses actifs pour rembourser sa dette et qu’il n’y a plus personne pour les acheter, les prix s’effondrent. Si vous avez une dette de 100 euros et vendez des actifs qui vous rapportent 10 euros, votre dette n’est plus alors que de 90 euros. Mais si, entretemps, les prix ont chuté de 15 %, la dette a baissé moins vite que les prix et son poids augmente. La crise grecque l’a parfaitement illustré : après 2009, le gouvernement a décidé de diminuer d’un quart les salaires et de vendre ses actifs pour rembourser sa dette. Celle-ci a certes diminué mais, comme le PIB a chuté de 25 %, le taux d’endettement n’a pas bougé et le pays s’est enfoncé dans la crise.
L’État est le seul acteur qui ne meurt pas si sa dette augmente.
Alors il ne faut pas payer ses dettes ?
Gaël Giraud – Tout dépend de quelle dette on parle. Il faut laisser le secteur privé se désendetter car, si cela n’est pas le cas, il risque de faire faillite alors que, pour sortir de la crise, il lui faut investir, recommencer à créer des emplois et amorcer la pompe. Mais, parallèlement, il faut laisser l’État dépenser pour amortir le choc de la crise car c’est le seul acteur qui ne meurt pas si sa dette augmente. Or, aujo
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