Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site
Dossier : Savons-nous encore débattre ?

La démocratie en suspens Introduction

Olivier Ortelpa / CC BY 2.0
Olivier Ortelpa / CC BY 2.0

Le modèle démocratique libéral et représentatif se trouve remis en question, voire rejeté ou délégitimé, au niveau mondial. Ici, montée en force des populismes et rejet du pluralisme ; ailleurs, fossé croissant entre les élus et les électeurs ; parfois, remise en cause de l’indépendance de la presse et de la justice. On pense aux États-Unis, au Brésil, à la Russie, à la Hongrie, aux Philippines… Quant à la France, la critique radicale des instances traditionnelles de médiation par le mouvement des « gilets jaunes » témoigne de cette crise du système représentatif. Face à ce constat, qui n’est pas nouveau, qu’allons-nous faire ? Il est urgent et vital de redonner vie à la politique. La Revue Projet entend y contribuer en proposant une série de dossiers sur les fondements démocratiques : deux numéros par an, jusqu’à la présidentielle de 2022.

En préliminaire à cette série, le sociologue Bruno Latour dresse un état des lieux et propose une feuille de route situant la question écologique au centre de la réflexion. Les enjeux soulevés traverseront les dossiers à venir. Il nous semble important de renouveler notre regard, d’approfondir notre connaissance et de restituer des expériences innovantes dans le domaine politique.

Débattre, c’est penser pour soi-même et contre soi-même, c’est accepter de sortir de sa zone de confort pour s’ouvrir à l’altérité.

La question du débat inaugure cette nouvelle série : son apprentissage et son développement constituent un préalable à toute vie en société. Si l’importance de débattre semble aller de soi dans l’imaginaire collectif, dans la réalité, cette évidence peine souvent à se concrétiser, tant dans la sphère familiale que dans le domaine politique. Au contraire, la tendance actuelle à l’entre-soi, voire au communautarisme, ne contribue-t-elle pas à rendre stérile le débat ?

Cette difficulté n’est pas toujours prise au sérieux : reconnaissons-le, la notion de démocratie délibérative est un sujet assez nouveau en France. Paradigme dominant de la théorie politique anglo-saxonne, elle cherche sa voie dans notre pays depuis les années 1980. Et pourtant, Aristote le soulignait déjà : débattre, c’est penser pour soi-même et contre soi-même, c’est accepter de sortir de sa zone de confort pour s’ouvrir à l’altérité. Le débat représente une priorité car il concerne l’action possible et à venir. Il précède la prise de décision, qui fera l’objet d’un dossier en 2020. Il est ce moment où l’on s’interroge sur différentes solutions avant d’opter pour l’une ou l’autre.

La Revue Projet propose un voyage initiatique sur le débat en croisant le regard et l’expérience d’acteurs politiques, d’universitaires et de représentants associatifs. Ce n’est pas le conflit qui est dangereux, mais la violence. Ce n’est pas le désaccord qui est problématique, mais l’absence de débat. Point de vrai pluralisme démocratique sans débat contradictoire.

Les plus lus

Les Marocains dans le monde

En ce qui concerne les Marocains, peut-on parler de diaspora ?On assiste à une mondialisation de plus en plus importante de la migration marocaine. On compte plus de 1,8 million de Marocains inscrits dans des consulats à l’étranger. Ils résident tout d’abord dans les pays autrefois liés avec le Maroc par des accords de main-d’œuvre (la France, la Belgique, les Pays-Bas), mais désormais aussi, dans les pays pétroliers, dans les nouveaux pays d’immigration de la façade méditerranéenne (Italie et ...

L’homme et Dieu face à la violence dans la Bible

Faut-il expurger la Bible ou y lire l'histoire d'une Alliance qui ne passe pas à côté de la violence des hommes ? Les chrétiens sont souvent gênés par les pages violentes des deux Testaments de la Bible. Regardons la Bible telle qu’elle est : un livre à l’image de la vie, plein de contradictions et d’inconséquences, d’avancées et de reflux, plein de violence aussi, qui semble prendre un malin plaisir à multiplier les images de Dieu, sans craindre de le mêler à la violence des...

Aux origines du patriarcat

On entend parfois que le patriarcat serait né au Néolithique, près de 5 000 ans avant notre ère. Avant cela, les femmes auraient été libres et puissantes. Les données archéologiques mettent en doute cette théorie. De très nombreux auteurs, de ce siècle comme des précédents, attribuent la domination des hommes sur les femmes à l’essor de l’agriculture, lors du Néolithique. Cette idée est largement reprise dans les médias, qui p...

Du même dossier

Débat public : les leçons de la Commission

Permettre un débat serein sur des sujets qui divisent, en favorisant la participation citoyenne : la Commission nationale du débat public a des objectifs ambitieux. D’autant qu’elle doit faire face à beaucoup de méfiance quant à son utilité… Le principe d’une participation du public aux projets à forte incidence socio-économique ou environnementale est relativement récent1. Pionnière, la France confie dès 1995 le soin d’organise...

Vive la controverse !

Réinventer le débat, est-ce faire le deuil d’un consensus à tout prix ? Le CCFD-Terre Solidaire se risque à de nouvelles formes de discussion, en faisant confiance à l’intelligence collective. Retour d’expérience. Quels sont nos grands questionnements et comment devons-nous en débattre pour préparer l’avenir ? Pour orienter son action, le CCFD-Terre Solidaire cherche à bâtir une méthode de débat la plus participative possible, fond...

Savoir parler pour savoir débattre

Il n’est point de débat sans maîtrise du langage. Or l’accès à celui-ci est particulièrement inégalitaire en France, où le système scolaire peine à résorber les écarts créés par le milieu socio-économique des enfants. Mais face à une réelle prise de conscience des enjeux, les initiatives se multiplient. Cahiers de doléances, réunions d’initiatives locales, conférences citoye...

Du même auteur

La flemme ou la flamme ?

Certaines idées reçues ont la vie dure : les jeunes seraient moins investis au travail, voire ne voudraient plus travailler. En un mot, ils seraient devenus paresseux ou, tout simplement, obsédés par les RTT, le télétravail et les loisirs. Ces préjugés envers la jeunesse ne sont pas nouveaux.Pourtant, le récent rapport de l’Apec (Association pour l’emploi des cadres) et de l’institut Terra nova dépeint une réalité tout autre : les moins de 30 ans sont « tout aussi investis dans leur travail et ...

L’entreprise : un enjeu démocratique

Face à la perte de sens de nombreux salariés vis-à-vis de leur travail, François Ruffin, journaliste et député, et Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de l’Europe, appellent à redonner du pouvoir de décision aux travailleurs.  Cet entretien croisé entre François Ruffin et Jean-Noël Barrot a eu lieu dans le cadre de l’université populaire d’Esprit civique, les 14 et 15 octobre 2023 à Cluny, e...

Cinq ans de sagacité

Le Pacte du pouvoir de vivre fête ses cinq ans d’activité en ce mois de mars. Cet anniversaire est réconfortant, car il témoigne de la vitalité du Pacte et de sa capacité à fabriquer de l’unité entre des associations, des fondations, des mutuelles ou encore des syndicats engagés pour une société plus écologique, sociale et démocratique.Plus de soixante-cinq organisations parmi les plus importants acteurs des solidarités sont réunies dans ce collectif. Chacun des membres est invité à dépasser so...

Vous devez être connecté pour commenter cet article

1 réactions pour « La démocratie en suspens »

Lydia Guesdon
12 January 2020

Bonjour
Une école qui permet à ses membres (élèves comme adultes) de débattre c’est bien l’ecole Démocratique .
Reconnue dans des pays comme les États Unis, l'Allemagne, en France ces écoles sont malmenées par l'éducation Nationale. La question est pourquoi ? Je vous invite à télécharger le lien sur le site de l’Eudec france concernant l’ecole Démocratique du carré libre de Quimper. Un projet d’éducation qui dure depuis presque 4 ans et qui est menacée. Merci dans parler et de diffuser .

* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules