Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site
Dossier : La culture, c’est pas du luxe !

En Palestine, le cirque libérateur

© Élodie Perriot / Secours Catholique - Caritas France
© Élodie Perriot / Secours Catholique - Caritas France

La Palestinian Circus School (PCS), partenaire du Secours Catholique, parcourt la Cisjordanie avec ses spectacles de cirque à la rencontre des populations les plus vulnérables. Des spectacles qui adoucissent les souffrances de l’occupation militaire.


Acrobaties, jonglage, jeux d’équilibre sur un mât chinois, clowneries : depuis dix ans, la Palestinian Circus School propose des spectacles de cirque aux Palestiniens. La troupe d’artistes donne chaque année 50 à 60 représentations devant plusieurs centaines de personnes à travers la Cisjordanie : à Birzeit, son siège, à Jenin, Hébron, Ramallah, mais aussi dans des villages occupés par l’armée israélienne, des villages bédouins ou encore dans le camp de réfugiés d’Al Fara.

« Nous veillons à aller à la rencontre de personnes qui n’ont pas l’occasion de voir du cirque. Si nous n’allons pas à elles, elles ne viendront pas à nous », estime Noor Abu Al Rob, artiste de la Palestinian Circus School. Ainsi, les spectacles sont gratuits pour les populations les plus pauvres. Sinon la troupe demande une somme symbolique (l’équivalent de 3,50 € maximum). « Nos spectacles racontent toujours une histoire de manière ludique, explique Noor Abu Al Rob. Par exemple, notre dernier spectacle, Mish Zabta, narre les obstacles auxquels font face les Palestiniens au quotidien, par exemple la difficulté de se rendre à Jérusalem. »

« On vient avec nos spectacles-thérapies : la culture aide à faire face au quotidien difficile. »

« Notre but », poursuit Jessika Devlieghere, directrice adjointe de la Palestinian Circus School, « c’est de susciter du rire, de l’énergie, du positif aux populations qui sont toujours sous pression. Elles subissent les incursions de l’armée, l’emprisonnement de leurs proches, la destruction de leurs maisons. On vient avec nos spectacles-thérapies : la culture aide à faire face au quotidien difficile. »

Les enfants, premier public de la Palestinian Circus School, sont particulièrement vulnérables. Le cirque permet de contrer l’impact social et psychologique de l’occupation et de leur faire oublier l’humiliation, l’injustice et la pauvreté. « Nos spectacles apportent de la joie, mais aussi de la fierté parmi les populations : elles réalisent que les Palestiniens ont des capacités artistiques, car nos artistes sont tous d’ici ! » explique Jessika.

Promouvoir l’expression artistique

Outre ses spectacles de professionnels, la Palestinian Circus School propose des spectacles de ses élèves. Car chaque année, au travers de clubs hebdomadaires ou de camps d’été, la troupe forme aux techniques de cirque quelque 300 enfants âgés de 7 à 25 ans. Là aussi, l’objectif est de les libérer de la pression de l’occupation, mais aussi de promouvoir la liberté d’expression artistique.

« Par ses cours, la Palestinian Circus School donne aux enfants un moyen de s’exprimer », commente Mathilde Girardot, en charge des projets soutenus par le Secours Catholique en Palestine. « Et l’école a aussi une volonté d’inclusion de toutes les composantes de la société palestinienne : elle promeut la mixité garçons-filles mais aussi la mixité des origines socio-économiques. »

Travail en équipe

Le cirque pour tous et avec tous. « Nous voulons transmettre la vision d’une société inclusive, où chacun est complémentaire, conclut Jessika Devlieghere. Ainsi, lorsque nous formons aux techniques du cirque, nous apprenons aux enfants qu’ils ont toujours besoin des compétences des autres. Nous transmettons les valeurs de travail en équipe, de respect de l’autre et de confiance », estime Jessika Devlieghere. Pour la première fois, en octobre, la troupe donne un festival international du cirque dans toute la Cisjordanie, avec des artistes palestiniens et internationaux. 20 000 spectateurs sont attendus. Avec, toujours, leurs éclats de rire.

Cet article a été publié le 16/10/2016 sur le site du Secours Catholique-Caritas France : www.secours-catholique.org.

Les plus lus

Les Marocains dans le monde

En ce qui concerne les Marocains, peut-on parler de diaspora ?On assiste à une mondialisation de plus en plus importante de la migration marocaine. On compte plus de 1,8 million de Marocains inscrits dans des consulats à l’étranger. Ils résident tout d’abord dans les pays autrefois liés avec le Maroc par des accords de main-d’œuvre (la France, la Belgique, les Pays-Bas), mais désormais aussi, dans les pays pétroliers, dans les nouveaux pays d’immigration de la façade méditerranéenne (Italie et ...

L’homme et Dieu face à la violence dans la Bible

Faut-il expurger la Bible ou y lire l'histoire d'une Alliance qui ne passe pas à côté de la violence des hommes ? Les chrétiens sont souvent gênés par les pages violentes des deux Testaments de la Bible. Regardons la Bible telle qu’elle est : un livre à l’image de la vie, plein de contradictions et d’inconséquences, d’avancées et de reflux, plein de violence aussi, qui semble prendre un malin plaisir à multiplier les images de Dieu, sans craindre de le mêler à la violence des...

Aux origines du patriarcat

On entend parfois que le patriarcat serait né au Néolithique, près de 5 000 ans avant notre ère. Avant cela, les femmes auraient été libres et puissantes. Les données archéologiques mettent en doute cette théorie. De très nombreux auteurs, de ce siècle comme des précédents, attribuent la domination des hommes sur les femmes à l’essor de l’agriculture, lors du Néolithique. Cette idée est largement reprise dans les médias, qui p...

Du même dossier

Révéler la culture partout où elle se trouve

La culture est ce qui se joue, fondamentalement, dans le langage. Elle est ce qui donne sens au vécu. En cela, elle ne se limite pas aux œuvres dignes des musées. Elle est vitale pour tous. Les personnes ayant l’expérience de la précarité y ont ainsi déjà accès, à condition que l’on accepte d’élargir ce que culture veut dire. S’interroger sur l’importance de la culture chez et pour les personnes en gran...

Les droits culturels, leviers du pouvoir d’agir

Comment revendiquer ses droits aux soins, au logement, à l’alimentation, à l’éducation, au travail ou aux loisirs quand ses références culturelles (langues, savoirs, arts, valeurs, traditions, modes de vie etc.) sont méprisées ? C’est là tout l’enjeu de la reconnaissance des « droits culturels ». « Droits culturels », « pouvoir d’agir ». Deux expressions qu’il s’agit de mieux articuler...

« C’est la première fois que j’entre dans un musée »

Parmi les sorties culturelles proposées aux personnes accueillies par le Centre d’entraide pour les demandeurs d’asile et les réfugiés (Cedre), antenne du Secours Catholique-Caritas France, il en est une qui impressionne et émeut : celle qui conduit au jardin du musée Rodin. « Victor Hugo ? Balzac ? Non, je ne connais pas. » Yaya, Malien de 29 ans, n’est pas le seul à ignorer qui furent ces hommes immortalisés par Auguste Rodin. Nous sommes...

Vous devez être connecté pour commenter cet article
Aucun commentaire, soyez le premier à réagir !
* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules