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L’avènement de la société industrielle puis post-industrielle a produit de nouveaux contrastes sociaux. De fait, la pauvreté qui caractérisait la majorité de la population de la société préindustrielle s’est muée en une pauvreté relative. C’est en comparaison avec la consommation des classes moyennes que l’on peut qualifier de « pauvre » la consommation de certains ménages démunis ; y compris lorsqu’ils possèdent un toit, de quoi se nourrir et quelques biens statutaires, tels un écran plat ou un téléphone portable dernier cri.
Au XXe siècle, le Front populaire puis la naissance de l’État providence ont conduit à ce que le travail soit un moyen d’obtenir un revenu stable et d’accéder aux protections collectives. La misère semblait éradiquée. Avec la fin des Trente Glorieuses et la crise économique, la pauvreté a changé de visage. Le mouvement ouvrier s’est affaibli et l’appartenance de classe a de moins en moins structuré les identités. Depuis le début des années 1980 et l’apparition des « nouveaux pauvres », ce sont des membres intégrés de la société de consommation (qui suivaient le mode de vie habituel de consommateurs moyens et d’accédants à la propriété) qui sont les premiers touchés par le chômage. La maison devait être vendue, le couple se fragilisait souvent et les espoirs d’ascension sociale pour les enfants étaient émoussés. Ces nouveaux pauvres ressemblaient à tout le monde. Leur misère était d’autant plus difficile à vivre qu’ils étaient socialisés dans un monde d’abondance, auquel ils avaient d’ailleurs participé tant que leur situation le leur avait permis.
Si les Trente Glorieuses furent des années d’intégration sociale, les trente années suivantes furent celles de la « d�
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