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À défaut de procurer du bonheur, l’acte de consommer génère du plaisir. Un plaisir furtif, certes, mais qui peut être retrouvé facilement si l’on consomme beaucoup ou fréquemment. Mais comment consommer souvent, quand on a déjà acheté tous les biens dont on avait besoin1? Pour multiplier les achats et les plaisirs éphémères, il faut ainsi renouveler les besoins. Pour cela, l’obsolescence programmée constitue la méthode idéale : l’enjeu, selon le designer industriel Brooks Stevens, est « d’instiller dans l’esprit du consommateur l’envie de posséder quelque chose d’un peu plus neuf, d’un peu mieux et un peu plus tôt que ce qui est nécessaire » 2. La stratégie est loin d’être nouvelle : dans les années 1920, le « cartel de Phœbus », rassemblant les grands industriels fabricants de lampes, statuait sur la nécessité de raccourcir la durée de vie des ampoules3.
Cependant, l’obsolescence programmée constitue depuis 2015 un délit en France. En 2017 et 2018, l’association Halte à l’obsolescence programmée (Hop) a déposé les deux premières plaintes en France à la suite de cette nouvelle loi. Dans le premier cas, Epson était visé pour avoir raccourci la durée de vie de ses imprimantes et de leurs cartouches. Dans le second, Apple est accusé d’avoir délibérément bridé les performances de certains modèles d’iPhone à travers les mises à jour, au moment où un nouveau modèle sortait.
Depuis août 2015, l’obsolescence programmée est définie par la loi française comme
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