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Souvenons-nous : des années 1930 à la décennie 1980, l’entreprise est le creuset d’un processus d’homogénéisation du statut salarié. Là où prévalait le grand clivage entre employés et ouvriers, se dessine un alignement progressif sur la condition statutaire d’employé, plus stable. Il se traduit par la généralisation du contrat à durée indéterminée (CDI), devenu, non sans résistance de part et d’autre, la norme bien accordée aux besoins de l’industrie moderne. Il se traduit aussi par le bénéfice des conventions collectives (en plein essor après 1936) et par la tardive protection contre le licenciement (1973 et 1975). La mensualisation de janvier 1978 achève cette évolution. Le modèle de référence est alors, sans conteste, la fonction publique. C’est dans ces années 1970 que la nouvelle société salariale entre dans une période critique, avec les licenciements économiques et l’explosion du travail « atypique ».
Les lois de 1979 sur le contrat de travail à durée déterminée (CDD) et le contrat de travail temporaire (CTT) révèlent un nouveau « précariat » (Robert Castel) caractérisé par trois traits :
- une expansion foudroyante : au début des années 1980, à l’époque où Brigitte Lozerec’h publie son roman L’intérimaire1, ce statut affecte 3 % de la population salariée ; en 1996, 10,8 % et fin 1998, près de 12 %. Un volume multiplié par 4 en une quinzaine d’années ;
- sa banalisation, qu’illustre l’exemple de Maubeuge Construction Automobile (MCA), filiale de Renault, comptant à l’époque 1200 intérimaires pour 2500 salariés ;
- son effet déstructurant, manifesté par l’éclatement de la collectivité de travail en deux
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