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Dossier : Je travaille, donc j’existe ?

Précarité des jeunes : le grand bizutage

© StockSnap/Pixabay/CC
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« Tu vas en baver ! » Voilà en substance le message envoyé aux nouveaux venus sur le marché du travail. Et la précarité exacerbe les inégalités liées aux milieux sociaux, à la mobilité géographique… Dès lors, pourquoi ne pas faire de la jeunesse un nouveau pilier de notre système de protection sociale ? Revenu minimum, capital formation utilisable toute la vie, droit à l’accompagnement pourraient en devenir les piliers.

L’emploi pérenne représente un Graal aux yeux de ceux qui en sont privés. Mais comment se dessinent, en France, les inégalités d’accès au CDI [contrat à durée indéterminée] ?

Antoine Dulin – Par rapport aux années 1970, les jeunes sont devenus une variable d’ajustement sur le marché de l’emploi. Leur taux de chômage est plus élevé que la moyenne : il a été multiplié par 3,5 en quarante ans1 !  Dans les quartiers populaires ou en outre-mer, jusqu’à un jeune sur deux est au chômage. Par ailleurs, alors que 17 % des jeunes étaient touchés par l’emploi précaire dans les années 1980, 60 % d’entre eux le sont aujourd’hui. La dernière enquête du Céreq montre que 70 % des jeunes ayant quitté le système éducatif en 2013 ont été embauché la première fois en CDD [contrat à durée déterminée]. Malheureusement, 39 % d’entre eux (les moins diplômés) le sont encore trois ans après.

Cette situation ressemble à un bizutage par l’emploi précaire pour accéder au sésame du CDI. Si ce dernier est aussi désirable, c’est parce que la société repose entièrement sur lui : un jeune avec un CDD de six mois n’est pas prioritaire auprès d’un propriétaire ou d’un bailleur social, ni pour bénéficier d’un crédit. Et tout notre modèle de protection sociale repose sur le travail. Les personnes bénéficient de prestations dès lors qu’elles se sont acquittées de cotisations assises sur leur revenu professionnel. Il faut avoir travaillé quatre mois, par exemple, pour bénéficier d’allocations chômage. Et le RSA [revenu de solidarité active] n’est ouvert qu’aux personnes de plus de 25 ans. Un jeune demandeur d’emploi qui n’a pas assez travaillé ne reçoit donc aucune aide !

Célia Vérot – L’inégalité principale concerne la période de transition entre la sortie de l’école et l’accès à un emploi stable. Si des jeunes qui poursuivent des études soutenues par leurs parents peuvent prolonger cette phase, de manière plus ou moins linéaire pendant plusieurs années, ceux qui paraissent s’émanciper relativement tôt multiplient souvent les allers-retours entre activité et inactivité et la véritable autonomie liée à la stabilité de l’emploi arrive tardivement. La fin de la scolarité obligatoire est à 16 ans, mais l’âge moyen d’accès à l’emploi stable est de 27 ans. Dans les années 1970, il était de 20,5 ans et dans les années 1990, de 22 ans. Cette prolongation est certes due à l’allongement des études, mais aussi à la difficulté qu’il y a à entrer sur le marché. Dès lors, la plupart des choix de vie sont reculés : pour les femmes, par exemple, l’âge moyen du premier enfant est passé de 24 à 28 ans en moins de cinquante ans.

« L’âge moyen d’accès à l’emploi stable est de 27 ans. Dans les années 1970, il était de 20,5 ans. » C. Vérot

Nous avons tenté d’identifier les obstacles vers l’accès à l’emploi stable. Un premier tient évidemment au niveau de formation. En France, les jeunes ayant interrompu leur scolarité avant le baccalauréat connaissent un taux de chômage six fois plus élevé que les jeunes diplômés du supérieur. Et un jeune non diplômé sur deux est toujours au chômage trois ans après sa sortie de formation, ce qui montre bien le rôle du niveau d’études2.

Dans notre rapport pour le Premier ministre : « Arrêtons de les mettre dans des cases ! Pour un choc de simplification en faveur de la jeunesse » (mars 2017), nous insistons sur la fonction du soutien familial et des réseaux de proximité. Certains jeunes sont portés, d’autres isolés, et cela a une influence sur leur capacité à s’insérer socialement. La formation en apprentissage illustre bien cela : elle n’est réservée ni aux hauts diplômes ni à une catégorie sociale, et le taux d’accès à l’emploi des apprentis est supérieur à celui des autres cursus. Et ceux qui ont des difficultés à s’insérer professionnellement sont souvent ceux qui n’ont pas été encadrés par un maître d’apprentissage. Le réseau joue ici un rôle crucial, du fait de la confiance et de l’estime de soi qu’il permet.

Quelles incidences ont ces inégalités chez les jeunes qui les subissent ?

C. Vérot – On sent chez eux une grande frustration. Des jeunes rencontrés dans des missions locales expriment le sentiment qu’on ne leur propose rien de qualifiant, rien de sérieux. Ils ont l’impression d’être mis de côté et sont extrêmement fragilisés par leurs échecs. Malgré tous leurs efforts, ils ont le sentiment de se trouver face à des murs. Le message qu’ils entendent est toujours : « Tu n’as pas ta place dans le monde du travail. »

Inversement, nous avons rencontré d’autres jeunes, dans les mêmes missions locales, mais accompagnés en Garantie jeunes ou dans des centres de formation d’apprentis et ils ont une perception claire et positive de leur avenir : ils savent qu’ils vont quelque part. Ce qui est intéressant, c’est que nombre d’entre eux étaient auparavant en situation d’échec scolaire et qu’ils ont été orientés vers l’apprentissage parce qu’ils « ne valaient rien ». Quelques années plus tard, s’ils suivent un cursus qualifiant qui les amène parfois au niveau du supérieur, leur situation s’est significativement améliorée.

A. Dulin – Au cours de notre mission pour ce rapport, nous avons ressenti un manque de confiance à l’égard de notre système de protection sociale. Un ressentiment qui peut aller jusqu’à une remise en question du système, même une fois terminée la période de galère. Ceux qui s’en sont sortis ont l’impression de n’avoir pu compter que sur eux-mêmes. Il en résulte un désintérêt pour nos choix collectifs. L’abstention est un signe : seul un jeune sur quatre s’est déplacé pour voter aux dernières élections.

Quels sont les principaux obstacles rencontrés pour accéder à l’emploi ?

A. Dulin – Trop souvent, la littérature scientifique et les pouvoirs publics parlent de freins « périphériques » pour décrire les obstacles relevant de facteurs externes au marché du travail. Cumulés, ils font de l’accès à l’emploi un véritable parcours du combattant.

Pour beaucoup de jeunes, la précarité est un élément central. Les 18-29 ans sont aujourd’hui les plus touchés par la pauvreté, en France : un jeune sur cinq vit avec moins de 60 % du revenu médian. Les ressources des jeunes reposent sur trois piliers : la famille (aides financières ou en nature), le revenu du travail et les aides publiques. Or les aides publiques (à part l’allocation logement) sont généralement soumises à des critères d’âge et de statut. Les moins de 25 ans sont ainsi exclus du RSA, sauf s’ils ont charge de famille ou sous certaines conditions d’activité. Les jeunes inactifs ou en recherche d’emploi disposent donc d’un niveau de ressources faible et sont très dépendants des familles.

Cette précarité a un impact sur l’accès au logement : un quart des sans domicile ont entre 18 et 29 ans. Pour les autres, la part du revenu consacré au logement est plus élevée que la moyenne. Inadaptée aux besoins des jeunes et insuffisante, l’offre résidentielle est aussi un frein à leur mobilité. Or celle-ci est un atout pour obtenir un emploi. À diplôme égal et de même sexe, le fait d’être mobile augmente de 50 % les chances des chômeurs de 15-29 ans de trouver un emploi. La détention du permis de conduire reste aussi un sésame pour l’accès à l’emploi (60 % des actifs n’ont aujourd’hui pas d’autre choix que de se rendre à leur travail en voiture !). Or le financement du permis repose à 80 % sur le soutien des familles. Parmi les jeunes suivis par une mission locale, seuls 40 % l’ont.

C. Vérot – Les disparités géographiques sont très fortes. En milieu rural, les jeunes ont des offres de formation très limitées : certains partent suivre un bac professionnel loin de leur famille, mais beaucoup se tournent vers ce qui est proposé près de chez eux. Le frein à la mobilité est aussi culturel : personne n’a donné envie à ces jeunes d’aller voir ailleurs, et rester chez ses parents offre un certain confort. C’est une question de budget et de d’obstacles cognitifs pour passer le code et le permis par exemple. Mais la mobilité est également une question de genre : les filles sont moins nombreuses que les garçons à partir en internat pour suivre une formation. De même, en milieu rural, beaucoup de femmes de moins de 25 ans perçoivent le RSA parce qu’elles sont mères ; trouver un mode de garde est si difficile qu’elles risquent de rester dans cette situation.

« Il s’agit d’adapter nos politiques publiques aux différentes situations que connaissent les jeunes, au lieu de vouloir à tout prix les faire entrer dans des cases. » A. Dulin

A. Dulin – Il y a encore d’autres obstacles à l’emploi, comme l’état de santé (27 % des étudiants renoncent à des soins pour raison financière, 20 % des jeunes demandeurs d’emploi n’ont pas de complémentaire santé), ou le manque de confiance en soi, qui freine toute recherche d’emploi.

En bref, ceux qui pensent que « la » solution aux problèmes des jeunes, c’est l’insertion professionnelle se trompent. Il s’agit d’adapter nos politiques publiques aux différentes situations que connaissent les jeunes, au lieu de vouloir à tout prix les faire entrer dans des cases.

Concrètement, que préconisez-vous ?

A. Dulin –  La période d’insertion professionnelle peut être extrêmement difficile : il faut du temps, de la motivation. Tout l’enjeu est de mener une politique qui sécurise ce parcours en garantissant un accompagnement et des ressources suffisantes pour faire face à la précarité. C’est pourquoi nous avons besoin d’une approche globale. Une politique interministérielle est nécessaire pour sortir de la logique des silos, qui consiste à penser les mesures d’emploi indépendamment des mesures sociales, de logement, d’accès à la culture, etc. Au niveau des territoires, et notamment de la région, qui peut devenir un échelon stratégique, il s’agit de développer une concertation entre les acteurs, pour instaurer des politiques de jeunesse au plus près des réalités. Nous proposons, par exemple, la mise en place de pôles jeunesse. Il pourrait s’agir d’une fusion des structures destinées aux jeunes sur un territoire (missions locales, réseau information jeunesse, point accueil écoute jeunes, maisons des adolescents…), en prenant comme modèle de gouvernance celui des missions locales.

Par ailleurs, pour ce qui est des ressources financières des jeunes, l’enjeu est de refonder le modèle de protection sociale. Celui-ci a été bâti sur trois « âges de la vie », à une époque où les transitions étaient assez claires : âge de l’enfance et de l’éducation avec le soutien de la politique familiale, âge de l’emploi et de la sécurisation des parcours (assurance chômage et assurance maladie), âge du repos avec les retraites. La société a collectivement posé la question d’un 4e âge, celui de la perte d’autonomie et de la dépendance, mais nous n’arrivons toujours pas à inclure un 2e âge : celui de la jeunesse et d’une acquisition progressive de l’autonomie. Certaines personnes accèdent dès 18 ans au monde du travail, mais pour beaucoup, ce sera à 24, 25 ou 28 ans. La jeunesse reste le parent pauvre de notre système de protection sociale. Nous multiplions les dispositifs pour pallier les carences de ce système, au lieu de permettre aux jeunes d’accéder au droit commun.

Sur quoi reposerait un système de protection sociale adapté à la jeunesse ?

C. Vérot – Nous avons identifié quatre piliers, qui vont dans le sens de ce que l’on pourrait appeler la flexi-sécurité.

Premièrement, il s’agit d’instaurer un revenu minimum, dès 18 ans, sur le modèle de la « Garantie jeunes » [voir notre encadré]. Nous préconisons de ne pas limiter la Garantie jeunes à un an, car cela empêche aujourd’hui des jeunes d’accéder au logement social ou à un crédit bancaire, puisqu’ils ne sont solvables qu’une année. Cette barrière est aussi un inconvénient pour des jeunes très éloignés de l’emploi pour qui un an peut être trop court pour une insertion. Par ailleurs, lever la barrière de l’âge du revenu minimum serait un moyen d’éviter de creuser les inégalités entre ceux qui sont soutenus par leur famille et ceux qui ne le sont pas. Alliée à un accompagnement intensif, cette mesure engagerait à la fois le jeune et la collectivité dans une démarche d’insertion sociale et professionnelle.

La Garantie jeunes, qu’est-ce que c’est ?
Ce dispositif s’adresse aux jeunes de 16 à 26 ans qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation et sous conditions de ressources. Dans ce cadre, le jeune s’engage avec une mission locale, dans un parcours d’accompagnement fondé sur le principe de « l’emploi d’abord », qui comprend des temps collectifs et des temps personnalisés. La Garantie jeunes est limitée à un an, renouvelable une fois pour six mois. Une allocation pouvant aller jusqu’à 480 euros est versé au jeune, tandis que la structure qui l’accompagne reçoit elle aussi une subvention. Expérimentée depuis 2013, la Garantie jeunes est devenue un droit au 1er janvier 2017.

Deuxièmement, il faut cesser d’opposer formation initiale et continue pour penser la formation comme un continuum. Nous proposons de confier à chaque jeune un capital formation de cinq années, à utiliser quand il le souhaite. Chacun pourrait alors travailler sans expérience ni formation, puis reprendre les études, ou choisir de faire une année de césure, un service civique, etc. Pour l’instant, les jeunes privilégiés consomment la grande majorité des crédits d’éducation, alors que ceux qui sortent plus tôt des études pourraient aussi y avoir accès. Nous voudrions faire de la formation un droit. En France, nous sortons du système de formation initiale vers 21 ans. En Suède, c’est vers 28 ans, avec davantage d’allers-retours entre emploi et formation.

« Nous proposons de confier à chaque jeune un capital formation de cinq années, à utiliser quand il le souhaite. » C. Vérot

Troisièmement, nous avons développé des propositions en faveur d’une simplification administrative. Presque chaque dispositif d’aide publique pose un critère d’âge différent, au point que l’on repère 238 critères d’âge distincts dans la réglementation nationale ! Ces critères indiquent ce à quoi l’on a droit ou non et c’est aux jeunes de gérer cette complexité administrative… Pourtant, elle ne correspond à aucune réalité. Que signifie, par exemple, la borne des 25 ans (pour définir les 18-25 ans) dans la vie d’un jeune Français aujourd’hui ? Il faut supprimer tous les critères d’âge et de statuts  pour penser la jeunesse non plus en termes d’âges, mais de parcours.

Enfin, nous insistons sur l’importance de l’accueil et l’accompagnement dans l’emploi, pour tous les jeunes, sans distinction. Toutes les premières fois (les admissions post-bac, le premier contrat de travail, la première rupture dans le travail…) ont un impact décisif sur le rapport des jeunes au monde du travail. L’enjeu est donc de les faciliter. C’est une étape cruciale pour que le jeune comprenne les codes de l’entreprise, mais aussi pour que l’employeur saisisse les codes du jeune, afin que l’ajustement entre ce qui est attendu et ce que le jeune sait faire se fasse mieux. Les primo-arrivants sur le marché de l’emploi doivent sans cesse faire leurs preuves. Et si les savoirs se transmettaient, au sein d’une entreprise ? Le contrat de générations a été un échec. Pourtant, il y a encore quelque chose à imaginer, de l’ordre de l’échange des connaissances des jeunes contre l’expérience des plus anciens.

L’emploi stable et durable ne constitue plus l’idéal de vie de tous les jeunes. Le statut d’indépendant est-il réservé aux jeunes issus de milieux favorisés, qui peuvent faire face à des périodes d’insécurité financière ?

A. Dulin – Le statut d’auto-entrepreneur recouvre des réalités bien différentes. Une triple dynamique peut être observée : il y a ceux qui ne sont pas acceptés sur le marché du travail et qui se retranchent sur leur projet ; ceux qui veulent mettre du sens, à la sortie de leur école de commerce, en réconciliant économique et social ; d’autres, enfin, n’ont simplement pas le choix. Pour ces derniers, la participation à une plateforme numérique constitue leur seule ressource, malgré l’absence de protection sociale et de salaire décent. Cette situation revient à une forme très précaire de salariat3. La question est alors la suivante : que fait-on pour que ces personnes soient assurées et considérées comme des citoyens, à la fois bénéficiaires et contributeurs de notre modèle de protection sociale ?

Propos recueillis par Louise Roblin.



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1 En 2015, selon France stratégie, 13,8 % des 20-24 ans sont au chômage et 15 % des 15-29 ans ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation [NDLR].

2 Source : Émilie Gaubert, Valentine Henrard, Alexie Robert, Pascale Rouaud, « Enquête 2016 auprès de la Génération 2013. Pas d’amélioration de l’insertion professionnelle pour les non-diplômés », Céreq bref, n°356, juin 2017.

3 Le Cese est d’ailleurs saisi sur cette question.


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