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Le climat politique n’est pas sain en France, et l’on peut se demander si la maladie n’est pas plus grave qu’on ne le dit depuis quelques mois. Lors des récentes élections régionales, par exemple, les électeurs socialistes du Languedoc ont préféré une personnalité populiste au candidat de leur parti. Ce comportement paradoxal, l’abstention encore croissante, la remontée du Front national… le prouvent, c’est toute une population qui se replie. Déstabilisé par la crise profonde que nous traversons, l’électorat est en outre désorienté par la manière de conduire le gouvernement des hommes, qui brouille le paysage politique.
Nicolas Sarkozy avait eu recours à un lexique de gauche dans ses discours de campagne en 2007, dont la valeur travail était un signe éloquent. Au soir de son élection, il avait promis « je ne vous décevrai pas », affichant l’ambition quasi gaulliste de supprimer les intermédiaires entre les Français et lui-même. Mais il n’a pas la stature de son illustre prédécesseur ! L’effacement de Matignon, l’affaiblissement progressif de la plupart des ministères, les décisions prises par une garde rapprochée qui n’est pas à l’abri des phénomènes de « cour », ainsi qu’une production législative débordante, mais aux résultats incertains - tout ceci place le Président de la République dans une position ambiguë et sensible. Après le revers des élections régionales, les distorsions du système politique se manifestent plus clairement, quand le Président répond à une victoire de la gauche par un virage politique serré à droite, dans les domaines de la sécurité comme de la fiscalité et des retraites.
Face à une disparition des repères, les valeurs inscrites au fronton de la République mériteraient d’être réactivées. Pour cela, tous les Français, électeurs et élus, personnel politique, militants et populations marginalisées, ont besoin d’une bonne cure de dialogue et de paroles vraies.