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Animateur social et enseignant, Yazid Kherfi a lancé avec Médiation nomade une formule originale de pacification dans les quartiers réputés sensibles. L’ancien braqueur fait mentir, à son échelle, des politiques publiques contre-productives. Reportage.
C’est une camionnette d’allure peu banale, qui cherche son stationnement en cet après-midi parisien caniculaire. Ses portières arrière arborent un portrait tagué de Martin Luther King, assorti de l’une de ses citations : « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons tous mourir ensemble comme des idiots. » L’habitacle est lesté d’un bric-à-brac de jeux de société, de chaises et tables pliantes, et d’un Puissance 4 géant.
S’accordant une pause avant de trouver un emplacement définitif, Yazid Kherfi a poussé les murs du véhicule pour y faire chauffer le thé à la menthe. La boisson vaut sésame de la mission. L’homme jongle entre la marmite bouillante et le téléphone portable, vite rejoint par quelques animateurs de quartier. Les premières tasses circulent. « Idéal contre la chaleur. Comme chez les Bédouins dans le désert », assure l’hôte.
La référence se pose aussi sûrement que la camionnette à son endroit dédié, lieu d’un début d’affluence en contrebas du quartier de Belleville. Tables et chaises, thé et jeux se déploient sur le bitume. Des jeunes surtout, et quelques adultes, s’installent à portée de sono crachant pêle-mêle du Claude François, du Queen ou du Dinos. « Ce sera du Chopin au moment de replier », glisse une médiatrice locale qui connaît bien Yazid et sa méthode qui font ensemble institution. Et aujourd’hui des émules dans une vingtaine de villes en France, et même à Chicago.
Avant d’associer son nom à Médiation nomade et de sillonner les conurbations à la demande des élus, Yazid Kherfi a emprunté des chemins plus détournés. Sa sonnerie de portable le rappelle en clin d’œil : la mélodie de banjo des Tontons flingueurs. « Mon film préféré ! », s’amuse-t-il. « A
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