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L’attachement social Ce lien qui libère

En conclusion de notre série « Ce qui nous lie », voici quelques points d’ancrage d’une théorie sociale de l’attachement : ce qui fait tenir ensemble les individus des sociétés modernes, mais aussi, a contrario, ce qui les fragilise.


La vie en société place tout être humain, dès sa naissance, dans une relation d’interdépendance avec les autres. Chaque individu est inévitablement lié aux autres et à la société, non seulement pour assurer sa protection face aux aléas de la vie, mais aussi pour satisfaire son besoin vital de reconnaissance, source de son identité et de son existence humaine.

Pourtant, les sociétés modernes ne cessent de défendre les valeurs de l’individualisme, de revendiquer pour chacun le droit à l’autonomie et, parfois même, au nom de l’idéologie néolibérale, d’imposer le devoir de responsabilité vis-à-vis de soi-même, ce qui revient à récuser toute forme de dépendance à l’égard d’autrui et des institutions sociales.

Cette contradiction apparente est au cœur de l’interrogation sociologique depuis que cette discipline existe. En 1893, Durkheim formule la question centrale de sa thèse de doctorat sur la division du travail de la façon suivante : « Comment se fait-il que, tout en devenant plus autonome, l’individu dépende plus étroitement de la société ? » En d’autres termes, une société composée d’individus de plus en plus différenciés et autonomes est-elle encore vraiment une société et, si oui, comment ?

La question revient par conséquent à rechercher, en dépit de l’apparente autonomie qui nous caractérise, par quels liens nous sommes attachés les uns aux autres et à la société. Pour répondre à ces interrogations fondamentales, il s’agit de s’inscrire dans le prolongement des débats qu’elles ont suscités dans les sciences sociales et de mener des recherches à partir d’enquêtes comparatives dans plusieurs pays et aires culturelles.

Telle est la problématique des recherches que je mène depuis plusieurs années au sein du Centre Maurice Halbwachs et dans mon séminaire hebdomadaire de l’École des hautes étude

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