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Dossier : Tous assistés ? La solidarité en débat

L’attachement à plein régime Entretien avec Serge Paugam

« Le mouvement des Gilets jaunes a beaucoup surpris parce qu’il s’est constitué en dehors du monde du travail, des groupes professionnels et des syndicats qui les défendent »
Andelnans (90),
24 novembre 2018.
©Thomas Bresson
CC BY 2.0
« Le mouvement des Gilets jaunes a beaucoup surpris parce qu’il s’est constitué en dehors du monde du travail, des groupes professionnels et des syndicats qui les défendent » Andelnans (90), 24 novembre 2018. ©Thomas Bresson CC BY 2.0

Notion clé de l’œuvre de Serge Paugam, l’attachement social articule mémoire collective, contrôle social et prédispositions à agir. La prise en compte de ces dimensions donne matière à renouveler une solidarité indispensable à nos existences. 


Pour quelles raisons la question de la solidarité est-elle devenue un objet central de vos travaux de recherche ?

À la fin des années 1990, j’ai commencé à étudier la question de la pauvreté sous l’angle de la disqualification sociale. Ce thème renvoie à celui des inégalités et à la façon dont on peut les réduire par l’intermédiaire des solidarités. Il existe donc un lien très fort entre ces premières recherches et la thématique des solidarités. L’analyse des trajectoires des personnes en situation de pauvreté fait ressortir la question de la rupture des liens sociaux. Je pense en particulier à l’essoufflement des solidarités familiales et aux ruptures des relations de parenté en situation de pauvreté.

Le chômage interroge les limites de la solidarité professionnelle fondée sur le plein-emploi et se traduit par une rupture parfois profonde avec le monde du travail. On voit également que, le plus souvent, les pauvres ne sont pas insérés dans des réseaux associatifs et le sont de moins en moins lorsque la pauvreté s’intensifie. Ils restent, par ailleurs, souvent à distance des institutions nationales et ne leur accordent pas leur entière confiance.

Malgré ces déficits de solidarité, l’être humain est-il anthropologiquement solidaire ?

L’être humain en tant que tel ne peut vivre indépendamment des autres êtres humains. La vie humaine est une interdépendance et correspond même à un ensemble d’interdépendances. L’être humain est forcément lié aux autres, c’est une considération de base. On peut essayer de comprendre ce qui la fonde.

L’être humain est anthropologiquement solidaire. Il ne peut pas ne pas l’être.

Dans mes travaux, j’ai beaucoup insisté sur la double dimension de la protection et de la reconnaissance. Tout être humain a besoin d’être rassuré et protégé face aux aléas de la

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