Qu’est-ce que la solidarité pour un économiste ?

Du point de vue des tendances historiques, la solidarité pourrait se définir comme le montant de tout ce qui est produit par l’économie, récupéré par la puissance publique et redistribué à la société. C’est ce qu’on qualifie de taux macroéconomique de taxation.

Ce taux était de 5 à 10 % au début du XX^e siècle dans les pays riches. Nous sommes à 30 % aux États-Unis aujourd’hui, à 50 % dans les pays européens. Il y a donc eu une très forte progression au cours du XX^e siècle de cette solidarité macroéconomique. Sauf que cette progression se produit essentiellement entre 1910 et 1980. Depuis, il y a une stagnation de ce niveau.

Une forme de consensus semble l’emporter en France aujourd’hui quant à l’essoufflement et aux limites de notre système de protection sociale. Comment expliquer une telle situation ?

Depuis trente ans, tous les pays, et en particulier les pays riches, semblent suivre une tendance similaire, à savoir une montée des inégalités de revenus et de patrimoine. Mais tous les pays ne sont pas soumis à ce mouvement avec la même intensité.

La France s’inscrit dans la tendance générale à la hausse des inégalités et la situation peut s’aggraver rapidement.

La France a un peu mieux résisté que les autres sur la question des revenus. La solidarité y a opéré par le versement de prestations sociales, mais aussi (et surtout) à travers des mécanismes de solidarité tels que le Smic ou l’accès aux services publics, à la culture, à la santé, à l’éducation.

Toutefois, la situation est loin d’être parfaite. La France s’inscrit dans la tendance générale à la hausse des inégalités et la situation peut s’aggraver rapidement. Il y a notamment une forte progression des inégalités de patrimoine en Fr