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La crise du coronavirus a rendu les besoins associatifs en main-d’œuvre pressants. Mais être maraudeur ne s’apprend pas en un jour. Trois ans d’enquête ont permis d’identifier les épreuves auxquelles se heurtent souvent les nouveaux bénévoles.
Une fois par semaine, des maraudeurs et maraudeuses rejoignent leur association de quartier. Ils préparent les sacs remplis de cafés et de soupes solubles, parfois de sandwichs et de quelques conserves. Des équipes de trois ou quatre personnes sont constituées et chacun se saisit des thermos d’eau chaude. Pendant trois heures, les groupes vont à la rencontre des personnes à la rue, parlant avec elles de la pluie et du beau temps, des derniers résultats sportifs et, parfois, de leur quotidien. Leur mission est de resocialiser, grâce à une relation a priori plus horizontale que celle entre professionnels et bénéficiaires, des individus qui, du fait de leur exclusion, ne se considèrent plus comme des personnes dignes, sinon humaines. L’engagement au sein des maraudes n’est pas d’une couleur uniforme et les bénévoles peuvent rationaliser cette pratique de manières différentes. Pour les uns, le bénévolat est, en quelque sorte, intéressé, relevant « d’une recherche consciente d’une activité sociale pour combler un vide ou un malaise dans l’existence1 ».
Leur engagement s’inscrit dans une période précise de la vie, marquée par différentes ruptures ou un délitement des liens sociaux (décès d’un proche, départ des enfants du foyer, divorce, etc.). Chantal, bénévole au sein de sa paroisse, le reconnaît : « C’était une période de ma vie où mes enfants étaient plus grands. J’étais en pleine séparation avec leur père. Il fallait que je me bouge sinon je me regardais le nombril. Ça m’a obligée à sortir, à penser à autre chose. » Pour certains, l’engagement peut survenir après la perte des relations amicales à la suite d’un déménagement ou après la perte de leur emploi (chômage ou retraite). Dans d’autres cas, les personnes insistent sur le manque d’égards d
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