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Mineurs et migrants, ils ont quitté leur pays et leurs familles pour atteindre l’Europe. Au Maroc, ils ne reculent devant aucun risque pour prendre la mer. Ethnographie des tentatives de traversées de jeunes migrants.
« Je pars cette nuit ». Le message WhatsApp de K. signifie en réalité : « J’ai 16 ans et, cette nuit, je vais mettre toute ma vie dans un sac à dos, marcher pendant des heures dans l’obscurité, guetter la police marocaine et la marine royale, monter sur un bateau pneumatique et ramer jusqu’à atteindre l’Europe. »
Au Maroc, des milliers d’adolescents dits « non accompagnés » tentent de prendre la mer la nuit. Le sociologue algérien Abdemalek Sayad qualifiait les personnes migrantes d’« oiseaux de passage » ; l’intensification de la présence des mineurs au sein des flux migratoires invite à prendre en considération ces « oisillons ».
Étrangers et majoritairement d’origine subsaharienne, leurs expériences au Maroc sont hétérogènes : certains sont hébergés chez des connaissances ou vivent dans des logements collectifs avec d’autres personnes migrantes. Quelques-uns sont pris en charge dans des foyers de l’enfance, mais nombreux sont ceux qui dorment dans des squats ou à la rue. Souvent, ces séquences se succèdent au gré des villes traversées.
Coincés au Maroc, ces adolescents sont soumis à une « hyper-mobilité » au sein du pays.
À la migration transnationale s’ajoute, en effet, une mobilité à l’intérieur du pays, en bus ou en « taxi-mafia » : aller vers le nord du Maroc ou vers Laâyoune pour tenter de traverser la frontière, retourner à Rabat, Casablanca ou Marrakech pour « se reposer » et trouver un peu d’argent, être déplacé de force par les autorités vers des villes intérieures lors d’opérations policières visant à « désengorger » les zones frontalières.
Paradoxalement, ces adolescents, coincés au Maroc, sont aussi soumis à une « hyper-mobilité » au sein du pays. K. est ainsi passé, en huit mois, par Oujda, Rabat, Tanger, où
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