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Dossier : Ce qui nous lie
Dossier : Ce qui nous lie

Les « burakumin » au Japon, entre résistance et résignation

Des militants dénoncent la condamnation pour meurtre d’Ishikawa Kazuo en 1963. Emprisonné pendant plus de trente ans, il clame toujours son innocence. Il est devenu un symbole de la discrimination à l’égard des burakumin. Kobe, août 2019. © Ligue de libération des buraku
Des militants dénoncent la condamnation pour meurtre d’Ishikawa Kazuo en 1963. Emprisonné pendant plus de trente ans, il clame toujours son innocence. Il est devenu un symbole de la discrimination à l’égard des burakumin. Kobe, août 2019. © Ligue de libération des buraku

La Revue Projet lance la série « Ce qui nous lie » pour interroger l’engagement collectif et les liens qui se nouent autour d’une cause... Depuis des siècles, au Japon, les « burakumin » et leurs ancêtres font l’objet de stigmatisation. Aujourd’hui, certains d’entre eux s’insurgent contre les discriminations subies, tandis que d’autres tentent de se fondre dans la société ou se résignent.


J’ai découvert l’existence des burakumin au musée des droits de l’homme d’Osaka, lors d’un voyage au Japon, en 2006. Quelques années plus tard, je leur consacrais ma thèse de sociologie. À l’occasion d’une enquête de terrain, je me suis rendue dans les ruelles d’un quartier d’Amagasaki, à proximité d’Osaka, pour comprendre ce que pense la population des burakumin1. Un passant auquel je présente ma démarche reconnaît en chuchotant qu’il s’agit d’un problème profond au sein de la société japonaise. S’il accepte de m’accorder un entretien, c’est sur un banc, très à l’écart. Il se retourne sans cesse, craignant que ses propos ne soient entendus. Je perçois la même tension lors d’autres entretiens. Ainsi, lors d’un rendez-vous dans un café, celui que j’interroge préfère écrire ses propos sur un bout de papier.

En japonais, le mot buraku signifie « hameau », « village », et le suffixe -min peut se traduire par « les gens ». « Les gens du hameau » sont considérés par la majorité des Japonais comme les descendants des eta – un groupe qui se consacrait majoritairement à l’agriculture ou à certains métiers, comme le traitement des peaux mortes – et des hinin, principalement des mendiants dans le Japon prémoderne (1600-1868). Les burakumin seraient près d’un million au Japon aujourd’hui.

Ils ne présentent aucune différence phénotypique, ethnique, religieuse ni même linguistique avec les autres Japonais : c’est leur lieu d’habitation qui est le critère de l’exclusion. L’étiquette « burakumin » est assignée par le regard de l’autre, qui a le pouvoir de désigner arbitrairement un individu comme tel. Comme cette « assignation identitaire » se transmet par le sang, il est impossible d’y échapper. Pour une partie des non-burakumin, il s’agit d’éviter tout lien direct, pour soi et ses proches, avec une personne identifiée comme venant des buraku : des zones d’habitation autrefois vétustes et délabrées, où les ruelles étaient étroites. Pourtant, une grande partie a fait l’objet de réhabilitation à la fin des années 1960.

Comment savoir si une personne est un burakumin ? L’identification du lieu d’habitation est le moyen le plus sûr. Mais on peut aussi chercher sur Internet l’emplacement des anciens buraku, se rendre sur les lieux pour juger « l’atmosphère », faire appel à un détective privé… D’où une certaine tension autour du fait de cacher ou de révéler l’emplacement des buraku, qui se traduit, par exemple, par l’interdiction de prendre des photos. Les militants de la Ligue de libération des buraku craignent que ces images circulent entre les mains de personnes malveillantes, voire qu’elles soient monnayées pour continuer à discriminer un lieu et ses habitants.

Si, depuis la réhabilitation de ces quartiers modestes, on ne distingue plus, à première vue, un ancien buraku du reste, certains indices le permettent, comme la présence des bureaux de la Ligue de libération des buraku ou des slogans sur les droits de l’homme. Dans certains d’entre eux, on retrouve un esprit de village, avec quelques commerces, comme un marchand de riz ou de saké. Mais leur configuration et le type d’habitat (maisons individuelles, habitat collectif…) varient en fonction des quartiers et des régions. Les non-burakumin, pourtant, affirment les reconnaître à l’exiguïté des ruelles. Et si le calme et la tranquillité de ces lieux contrastent fortement avec la représentation que s’en font les non-burakumin, ceux-ci les voient comme des espaces « dangereux » et « violents » à éviter.

La stigmatisation est toujours réelle et les justifications évoquées par les non-burakumin mêlent un racisme de classe et d’anciennes croyances, comme la crainte de souiller son sang. Certes, la discrimination est moins frontale qu’elle ne l’a été, mais elle se manifeste de façon insidieuse dans la vie quotidienne, notamment au travail et dans la vie amoureuse.

« Dès que ma belle-mère a su que je venais du buraku, il était hors de question d’entrer chez elle : elle verrouillait la porte quand elle me voyait arriver. »

De jeunes burakumin ont ainsi vu leur projet de mariage gelé une fois leur origine découverte par la belle-famille. La mère d’un jeune homme d’une trentaine d’années, diplômé d’une école professionnelle et salarié, raconte : «  Quand les problèmes au travail et la discrimination pour se marier sont arrivés en même temps, mon fils, pourtant gai et généreux, disait qu’il voulait mourir. Il a commencé à être abattu psychologiquement et, bien que cela ne lui ressemble pas, il a été à l’hôpital pour prendre des tranquillisants. » Une femme, diplômée de l’université, témoigne : « Quand j’allais en tant qu’amie chez ma belle-mère et qu’elle ne savait pas que j’étais native d’une zone d’assimilation [un buraku rénové], elle m’accueillait normalement, sans animosité particulière. Mais dès qu’elle a su que je venais du buraku, il était hors de question d’entrer chez elle : elle verrouillait la porte quand elle me voyait arriver. »

Un édit d’émancipation a certes été promulgué en 1871 pour abolir les statuts d’eta et de hinin, leur conférant les mêmes droits qu’aux autres citoyens japonais. En 1922, une organisation de défense des droits, la Suiheisha, était fondée, qui, trente ans plus tard, deviendra la Ligue de libération des buraku. La Constitution japonaise, appliquée en 1947, proclame dans son article 14, alinéa 1 : « Tous les citoyens sont égaux devant la loi et il ne doit y avoir aucune discrimination politique, économique ou sociale en raison de la race, de la croyance, du sexe, de la situation sociale ou de l’origine familiale. » Mais si, de 1969 à 2002, le gouvernement a mis en place plusieurs mesures pour améliorer les conditions de vie et garantir un meilleur accès à l’emploi et à l’éducation pour les habitants des buraku, ce n’est qu’en 2016 qu’il a reconnu la persistance d’une discrimination, face, en particulier, aux propos discriminatoires anonymes circulant sur Internet.

Pour certains, les burakumin sont responsables de leur situation. Une non-burakumin d’Amagasaki déclare : « Ils n’ont pas envie de travailler. Pourquoi ils ne font que s’amuser ? Ceux qui ont subi de la discrimination sont leurs ancêtres. […] La discrimination d’autrefois est un type de discrimination que leurs descendants ne subissent pas aujourd’hui. » Des sociologues qui ont enquêté sur les représentations des pauvres et de la pauvreté à Paris, São Paulo et Delhi, ont relevé le même type de discours. Les raisons évoquées par ceux qui appartiennent aux catégories sociales supérieures pour justifier la discrimination à l’égard des pauvres et des lieux où ils habitent sont analogues. En France, il est souvent question des « “dérives” des dispositifs d’aide sociale, [d] es “abus” de fraudeurs qui en bénéficieraient alors qu’ils ne le “mériteraient” pas, de profiteurs qui en feraient un usage excessif2 ». De même, les non-burakumin parlent du caractère « profiteur » des habitants des buraku, qui jouissent de biens matériels onéreux grâce aux aides de l’État. Ainsi, un jeune interrogé à Amagasaki « soupçonne beaucoup de personnes [du buraku] de toucher des aides sociales en faisant un faux divorce. Ils reçoivent beaucoup de médicaments à l’hôpital et vont revendre des somnifères et des cataplasmes ».

L’idée qu’ils sont favorisés est largement répandue. La théorie du bouc émissaire, mobilisée en France pour expliquer le racisme et l’antisémitisme, est clairement à l’œuvre : elle consiste à « rejeter ses propres difficultés sur autrui [et] constitue un mécanisme de défense par lequel les individus et les groupes résolvent leurs conflits internes3 ». La discrimination persistante à l’encontre des burakumin apparaît comme l’expression d’une souffrance des individus en situation de précarité économique face à l’insuffisance des mesures prises pour lutter contre la pauvreté.

Indifférence, résignation ou résistance : notre enquête révèle différentes façons de se positionner vis-à-vis de cette « assignation statutaire » de burakumin. Aucune attitude n’est figée, chacun pouvant évoluer en fonction de son vécu.

Première attitude : l’indifférence. Beaucoup de burakumin mènent une vie qu’ils jugent « normale », avec le sentiment d’accéder aux mêmes biens et services que tous. Être burakumin ne les a empêchés ni de se marier, ni de suivre une formation professionnelle, ni de trouver un emploi. Pourtant, une analyse fine de certaines trajectoires révèle une forte homogamie sociale, un marché matrimonial plus restreint et des difficultés dans leur recherche d’emploi. L’inquiétude d’être discriminé peut être source de stress, mais ils ne ressentent aucunement la nécessité de faire leur « coming out », une expression fréquemment utilisée en japonais pour traduire le fait de révéler que l’on est du buraku. Être burakumin ou perçu comme tel n’est guère source de préoccupation.

Deuxième attitude : la résignation. Elle concerne ceux qui subissent une discrimination ou qui entendent des propos discriminatoires sur leur lieu de travail ou dans leur vie privée. Ils se taisent, sans entreprendre d’action pour se défendre. Ils justifient leur absence d’initiative, par exemple s’ils sont discriminés dans le domaine du mariage, par le souhait de parvenir à convaincre eux-mêmes les discriminateurs. La discrimination qu’ils subissent est selon eux davantage un problème interpersonnel que sociétal. De même, les propos qui peuvent circuler au travail ne sont pas combattus par peur de perdre son poste dans un contexte de précarisation de l’emploi. Ils gardent secret le fait qu’ils habitent ou ont habité dans un buraku ou qu’un de leurs parents y est né et se résignent en se conformant aux normes du groupe majoritaire, essayant d’effacer ce qui est considéré comme un stigmate.

Troisième attitude enfin : la résistance. Les burakumin qui résistent sont minoritaires. Certains revendiquent leur « identité buraku », souvent forgée à la suite d’une expérience de discrimination. Ils participent à des assemblées et s’investissent dans des activités militantes. Au-delà des membres de la Ligue, d’autres burakumin font connaître leur histoire en la racontant lors de conférences ou de séminaires d’études consacrés à la question.

« Nous qui n’avons pas de pouvoir et qui occupons une position basse, si nous n’agissons pas collectivement, nous ne pourrons pas nous protéger. » La Ligue

De son côté, la Ligue a tenté de les fédérer autour d’une cause commune. Aussi peut-on lire sur leur site : « Si un incident discriminatoire se produit au sein d’une relation interpersonnelle, tous les burakumin doivent partager cette colère. Pour lutter contre cette discrimination, le groupe doit développer une force collective. Nous qui n’avons pas de pouvoir et qui occupons une position basse, si nous n’agissons pas collectivement, nous ne pourrons pas nous protéger. L’adversaire avec lequel on doit se battre, c’est cette “pensée discriminatoire” au sein de la société. Avec notre seule force individuelle, on ne peut rien faire4. » La Ligue a ainsi élaboré une stratégie de luttes accusatoires, les kyūdan. Cette méthode a été mise au point dans les années 1920, car, à l’époque, selon ce même site, « juridiquement, les burakumin sont contraints à la résignation : il n’y a aucune loi qui protège les personnes discriminées ».

Les luttes accusatoires, qui ne sont pratiquement plus pratiquées aujourd’hui, consistaient à convoquer et à rencontrer les personnes à l’origine d’une discrimination afin de discuter du problème. Ces rencontres étaient susceptibles de susciter de la peur chez la personne accusée de discrimination. Un homme burakumin, âgé d’une cinquantaine d’années et impliqué dans les actions de la Ligue, explique : « J’ai pris part aux kyūdan et, plusieurs fois, j’ai appelé par téléphone. Pour transmettre notre sentiment et faire comprendre à notre interlocuteur que la discrimination, c’était mal, on parlait fort, on hurlait, on tapait aussi sur la table. Je pense que c’est de là que proviennent les nombreuses images de groupe violent et de yakuzas [la mafia japonaise]. » La difficulté pour le mouvement est de se réinventer, de s’adapter aux nouvelles figures de la discrimination et de sensibiliser une nouvelle génération à une cause jugée révolue.

Certains estiment que la concentration dans une même zone des burakumin encourage la discrimination et préconisent donc, avec la « théorie de la dispersion » (buraku bunsanron), que les habitants déménagent et se dispersent. Si les buraku disparaissaient, la discrimination disparaîtrait aussi ! Mais c’est ignorer les multiples liens familiaux et amicaux tissés au sein des buraku entre leurs habitants, parfois depuis l’enfance. Les assemblées et les fêtes organisées régulièrement dans ces quartiers ou à l’extérieur permettent de maintenir un lien. L’attachement fort au lieu où résident encore la famille et les amis d’enfance conduit certains à ne jamais vouloir en partir. D’autres, ayant déménagé, manifestent le souhait d’y revenir pour y construire leur maison. Deux tendances coexistent : ceux qui veulent y habiter et ceux qui, au contraire, ont fui ce lieu par peur qu’eux ou leurs enfants soient discriminés. Faire disparaître les buraku est une façon de considérer que leur existence même est problématique et ne permet pas de lutter contre la pensée discriminatoire qui rejette les habitants de ces espaces.

La tension perdure entre le principe d’une égalité juridique et politique de tous les citoyens, revendiqué dans la Constitution japonaise, et la réalité. Cette contradiction est dénoncée lors des assemblées de la Ligue de libération par des militants qui se montrent très critiques envers la politique du gouvernement d’Abe Shinzō, accusé d’être une menace pour la paix et les droits de l’homme et d’accroître la précarité de l’emploi, les inégalités et la pauvreté. Les burakumin que nous avons interrogés expriment une absence de confiance envers un gouvernement qui ne protégerait pas les plus faibles. Avec le retour de la précarité dans les anciens buraku, lié à l’instabilité de l’emploi et à la fin des mesures de discrimination positive, leurs habitants sont aujourd’hui victimes d’une double discrimination en raison de leur statut à la fois de pauvre et de burakumin. Pour le Japon, la troisième puissance économique mondiale, faire disparaître la discrimination et faire respecter les droits de l’homme nécessite des mesures juridiques adéquates.

Article publié dans le cadre du séminaire de Serge Paugam, « Attachements et luttes sociales », à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS).

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1 Enquête quantitative menée auprès de 200 non-burakumin habitant ce quartier.

2 Serge Paugam et al., Ce que les riches pensent des pauvres, Seuil, 2017, p. 218.

3 Dominique Schnapper, La relation à l’autre au cœur de la pensée sociologique, Gallimard, 1998, p. 134.

4 Site Internet de la Ligue de libération des buraku, www.bll.gr.jp, consulté en juillet  2019.


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