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En Normandie, les réseaux de solidarité tournent à plein régime pour héberger les exilés, palliant (en partie) les défaillances institutionnelles. Mais être accueilli est loin d’être facile.
Salim*, la trentaine, fuit le Sahara occidental et vient demander l’asile en France fin 2016. Il se rend à Caen, en Normandie, pour y retrouver des connaissances originaires de la même région que lui. Celles-ci l’accueillent quelques nuits dans leur chambre de Cada (centre d’accueil pour demandeurs d’asile). Mais cet arrangement (en principe interdit par le règlement) ne peut être que de courte durée.
Salim passe alors plusieurs mois au « 115 », entre la rue et les centres d’hébergement d’urgence, avant qu’une association ne lui propose d’être accueilli chez des familles bénévoles. Il est logé ainsi pendant quatre mois. Puis un ami sahraoui, arrivé depuis plus longtemps et qui a, lui, déjà acquis le statut de réfugié, lui offre de partager son appartement le temps que sa situation s’améliore.
Un an plus tard, Salim a lui-même obtenu la protection internationale. Ayant désormais le droit de travailler, il est en mesure de payer un loyer dans une colocation. Entre son arrivée en France et cette relative stabilité, les initiatives de solidarité privée dont il a bénéficié (de la part de compatriotes, d’hôtes citoyens, d’amis) ont joué un rôle essentiel et complémentaire dans son accès à l’hébergement.
À première vue, la Normandie ne fait pas partie des destinations de prédilection des personnes exilées1. Pourtant, plusieurs raisons peuvent les y mener. Certains, comme Salim, ont des connaissances pouvant les accueillir, au moins temporairement : membres de leur famille, amis, contacts plus lointains... Mais pour la plupart, c’est un mélange de stratégie et de hasard qui les guide jusque-là.
En arrivant à Paris – point de passage presque inévitable pour les nouveaux venus –, ils se trouvent confrontés aux dures réalités de la vie dans la capitale pour les
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