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De quoi peut-on encore se sentir responsable à l’heure de la mondialisation ? La dimension des problèmes et leur imbrication croissante défient la volonté d’agir rationnellement pour atténuer les maux dont souffre le monde. Il nous faut ainsi, à la fois, prendre en compte les effets à grande échelle et à long terme de nos actions, et faire face à une multiplication de problèmes de différentes natures, difficiles à hiérarchiser et qui semblent parfois exiger des actions contradictoires. Comment, par exemple, concilier la défense de l’emploi et celle de l’environnement, l’intérêt national et la solidarité universelle, etc. ? Même lorsqu’on décide d’inscrire ses choix dans la perspective du développement durable, la diversité des impacts écologiques et sociaux à prendre en compte peut être source de perplexité. Le foisonnement des normes et des labels censés éclairer les consommateurs en fournit l’illustration : faut-il privilégier le bio, le commerce équitable, le recyclage des emballages ou la réduction de l’empreinte carbone ?
Cette situation n’est pas nouvelle, mais elle a longtemps été occultée par un métarécit progressiste qui prétendait transcender ces contradictions et faire converger toutes les avancées vers la justice sociale, le bien-être et la démocratie. Or le point d’aboutissement fait désormais problème : avec la montée des fondamentalismes et des populismes, le caractère universel et forcément conquérant de l’idéal démocratique ne va plus de soi. La fin des « grands récits » sous-tendus par les philosophies de l’histoire du XIXe siècle (Hegel et Marx) a été diagnostiquée depuis plusieurs décennies. Jean-François Lyotard, notamment, a mis en doute le grand récit de la modernité qui, depuis les Lumières, fait de l’histoire humaine un chemin continu vers l’émancipation de l’individu1. Il se pourrait que l’acuité de ce diagnostic n’apparaisse véritablement qu’aujourd’hui, à travers une crise du politique aux multiples visages.
Ce constat n’enlève rien aux raisons fondamentales qui nous poussent à agir, mais il souligne le besoin d’une nouvelle mise en récit de l’engagement et d’un cadre de rationalité susceptible de lui donner plus de cohérence.
Un élément de réponse peut être trouvé dans la fameuse distinction entre l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité, formulée par Max Weber au début du siècle dernier. Pour Weber, il va de soi que la forme la plus aboutie de la rationalité consiste à agir en vue de conséquences finales, même si cela exige des décisions dont le sens immédiat est contraire à nos convictions. Cette manière de voir reste éclairante : elle rappelle utilement qu’éviter le mal est souvent plus important que de chercher à faire le bien. Une traduction en a été donnée en 1979 par Hans Jonas dans son Principe responsabilité2 : ne rien faire qui soit susceptible de compromettre la poursuite d’une vie consciente sur la Terre. Dans un monde où l’éventualité d’une catastrophe écologique majeure mettant en péril la survie de l’humanité ne peut plus être écartée, ce principe est d’une brûlante actualité.
L’anticipation des conséquences à long terme ne saurait suffire cependant à guider l’action. Dès que l’horizon s’éloigne, il devient presque impossible de prévoir l’effet réel de nos décisions. À quoi s’ajoute une indétermination d’échelle : faut-il raisonner en siècles ? Pourquoi pas en millénaires ? En pratique,on ne peut agir sans buts à court terme, porteurs d’une promesse pour l’avenir plus lointain. La survie de l’humanité n’est un motif opérant pour agir qu’à la condition de se décliner en objectifs concrets apportant un début de réponse à nos attentes en matière de bien-être et de justice sociale. À ceci, il faut ajouter que l’action est toujours « créative » ou « constitutive »3 : en agissant, nous ne cessons de réinventer le monde commun qui donne sens à notre action.
Agir de manière cohérente et responsable exige beaucoup de réalisme dans la prise en compte des interdépendances et une certaine forme d’abnégation.
L’engagement responsable suppose idéalement une « théorie de l’action » cohérente – un récit intégrant les valeurs, les finalités, les objectifs immédiats et lointains et les conditions pratiques de l’action – qui nous permette de croire que ce que nous préparons pour demain a un sens pour après-demain. Dans l’état présent du monde, c’est à la fois nécessaire et difficile. Agir de manière cohérente et responsable exige beaucoup de réalisme dans la prise en compte des interdépendances et une certaine forme d’abnégation. On pourrait parler ici d’un « ascétisme du sens » : accepter que nos actions ne soient pas toujours l’expression la plus directe de nos aspirations et que leurs résultats ne soient pas immédiatement lisibles. Mais avant d’aller plus loin dans cette perspective, pourquoi certains des récits dont nous avons hérités n’opèrent-ils plus ?
L’affaiblissement des grands récits tient, pour partie, à la démystification des logiques sacrificielles. Comme l’ont montré les travaux de René Girard, les groupes humains se constituent en s’unissant contre un ennemi ou un bouc émissaire – les sacrifices puis les procédures judiciaires, dans les phases plus avancées de la civilisation, n’étant que la répétition rituelle de ces épisodes cathartiques d’expulsion de la violence. On parle d’ailleurs d’« union sacrée » quand il s’agit de s’unir pour s’opposer. Cette sacralisation de l’ennemi a toujours fait la force des mouvements nationalistes et révolutionnaires, mais il est rare que l’action collective échappe totalement à la tentation d’y recourir. Toutefois, le mécanisme sacrificiel est désormais trop éventé pour susciter des mobilisations unanimes et durables. Pour R. Girard, ce dévoilement est en grande partie l’œuvre du christianisme4. Par ailleurs, la complexité sociale réduit l’efficacité de la logique sacrificielle, qui est rarement en phase avec les contraintes pratiques de l’action. Ainsi, faire de la finance un bouc émissaire – « Mon adversaire, c’est la finance », disait François Hollande – reste une incantation sans grande portée pratique dans une économie qui a besoin des banques et des fonds de pension pour se financer.
L’impossibilité culturelle de croire à la responsabilité des boucs émissaires a pour contrepartie la propension de nos sociétés à sacraliser les victimes, ce qui revient à maintenir la violence au centre du jeu5. Malgré ses effets pervers, ce phénomène témoigne d’un changement du statut de la violence dans des sociétés travaillées depuis des siècles par les valeurs chrétiennes6. C’est un progrès, mais il faut être conscient qu’il ne fait souvent que civiliser la haine, bien loin du commandement christique d’aimer ses ennemis. Et, toute considération morale mise à part, la victimisation ne permet pas de fonder une action politique. « La tâche de la politique s’est compliquée parce que plus personne ne souhaite être agresseur, sauf à passer d’abord par le statut de victime7. »
Parallèlement, les diverses formes de concurrence sont autant de manières de canaliser la violence au profit de la société8. Le récit libéral magnifie la compétition « juste » : susciter une polarisation régulée des rivalités autour d’objets socialement valorisés – biens matériels, argent ou toute forme de prestige ou de domination – est en effet un moyen efficace pour éviter que ces rivalités dégénèrent en violence physique. Le cas du sport mériterait à lui seul de longs développements, tant sont étroits ses liens avec la violence et le marché.
Les diverses formes de concurrence sont autant de manières de canaliser la violence au profit de la société.
L’expansion des rapports marchands est indissociable du règne de l’objet manufacturé appropriable, échangeable, d’usage exclusif – ce que les économistes qualifient éloquemment de biens rivaux. Mais ce mode de contention de la violence atteint lui aussi ses limites avec le déclin de la croissance, lequel reflète l’émergence d’un nouveau régime de rareté. Les biens dont la demande sociale augmente le plus ne sont pas des marchandises, mais des biens non appropriables et non monétarisables : l’environnement et les ressources naturelles – climat, biodiversité, terres cultivables – et les productions de l’esprit humain – connaissances, création artistique. Par nature, ces biens exigent plus de coopération. Ce n’est pas un hasard si la question de la gouvernance des biens communs s’est imposée récemment à la réflexion des économistes9. Le « commun », ce principe d’institution du social qui émerge chaque fois que la gestion d’un bien ou d’une situation exige une coopération, requiert une forme particulière de l’action : non pas l’échange, ni même le don, mais la contribution, la participation à une création collective. L’un des intérêts de l’économie collaborative est de révéler une propension insoupçonnée à contribuer à des réalisations d’intérêt collectif (comme Wikipédia) bien au-delà du militantisme et du bénévolat traditionnels.
Le « commun », ce principe d’institution du social qui émerge chaque fois que la gestion d’un bien ou d’une situation exige une coopération.
Rapprocher le besoin de dépassement de la logique marchande et l’épuisement de la logique sacrificielle n’a rien d’évident. Dans les deux cas, des dispositifs de mobilisation des énergies fondés sur la violence, la concurrence ou la dialectique ami/ennemi sont devenus inadaptés aux problèmes vitaux que nos sociétés doivent affronter10. Pour faire bonne mesure, on pourrait inclure dans cette analyse la crise de la démocratie représentative, autre procédé d’expression ritualisée des antagonismes sociaux. Dès lors, l’une des tâches du temps présent – la perspective utopique dont nous avons besoin – est d’inventer un agir ensemble non sacrificiel, fondé sur une démystification des antagonismes et des rivalités. Non plus seulement d’éviter la violence ouverte, mais de fédérer les énergies autour des biens communs en promouvant activement un idéal de convivialité sociale11.
L’encyclique Laudato si’ est l’exposé sans équivalent d’une doctrine de la citoyenneté mondiale à l’heure des défis écologiques. Le « tout est lié » n’est pas qu’une formule, c’est l’expression d’une exigence de cohérence et de prise en compte des interdépendances entre les problèmes écologiques, économiques et sociaux. L’encyclique va bien au-delà des approches précédentes de la subsidiarité. Elle vise à définir les paramètres d’un « bien vivre » articulant les aspects matériels, culturels et éthiques de l’existence : sobriété, « capacité de jouir avec peu » (§222). Elle relie cette vie bonne à l’existence de différents biens communs, du plus global – « Le climat est un bien commun, de tous et pour tous12 » – au plus local – écosystèmes, cultures et communautés locales, familles –, sans oublier la vie démocratique. Pour résumer d’une métaphore, on pourrait dire que le pape voit la planète comme une copropriété dégradée qui ne pourra être sauvée qu’en misant à la fois sur la solidarité globale des copropriétaires et le juste traitement des situations locales et catégorielles.
Le « tout est lié » est l’expression d’une exigence de cohérence et de prise en compte des interdépendances entre les problèmes écologiques, économiques et sociaux.
De cette vision intégrée découlent des conséquences pour tous les acteurs. François ne se contente pas de renvoyer chacun à ses devoirs moraux : il trace des pistes stimulantes pour refonder l’action politique et inventer un nouvel art de vivre ensemble. Face aux défis écologiques et sociaux, la morale individuelle ne suffit pas : « Joint à l’importance des petits gestes quotidiens, l’amour social nous pousse à penser aux grandes stratégies à même d’arrêter efficacement la dégradation de l’environnement et d’encourager une culture de protection qui imprègne toute la société13 ». De la gouvernance mondiale à la contemplation, en passant par la consommation et la promotion de la convivialité sociale, chaque niveau d’existence et d’action a son importance. Cette vision intégrée des différents gestes, changements personnels et actions collectives, fournit une charte de l’engagement adaptée à la situation d’un monde qui doit réinventer son modèle de développement ainsi qu’un cadre pour unifier l’action sociale et la vie quotidienne.
Comment, sur de telles bases, penser en termes stratégiques ? Le contexte évoqué au début de ce texte offre, paradoxalement, de nouvelles possibilités d’action. Le renforcement et la prolifération des interdépendances ont pour effet de diversifier les leviers d’intervention et d’influence. Le concept d’action cosmopolitique du sociologue allemand Ulrich Beck (1944-2015) tire parti de ce constat. Il fournit une grammaire stratégique pour les guerres sans ennemis que nous devons désormais mener. Il ne s’agit pas d’une utopie pacifiste, mais d’une analyse pragmatique des conséquences politiques de l’accroissement des interdépendances : globalisation des risques, dépendance vis-à-vis de ressources communes, métissage culturel, hybridation des modes de vie, délocalisation et interpénétration des courants religieux, émergence d’une opinion publique mondiale, pouvoir des consommateurs et rôle croissant de médias mondialisés. À ces divers phénomènes correspondent de nouvelles scènes d’action dont il faut s’emparer de manière créative. Il devient pertinent, par exemple, de constituer des alliances à géométrie variable en vue d’objectifs déterminés, comme le ferait un État s’alliant avec une ONG pour créer un mouvement d’opinion et faire avancer une négociation internationale14.
Beck utilise la métaphore du jeu : la mondialisation crée de nouvelles règles du jeu. Mais beaucoup d’acteurs n’en ont pas conscience et continuent à jouer à l’ancien jeu, ce qui peut donner l’impression que rien ne change. Ce décalage entre ceux qui jouent avec les nouvelles règles et ceux qui pensent et agissent en fonction des anciennes explique la domination mondiale du capital : l’économie subvertit les règles de l’ancienne politique en imposant son propre agenda, au détriment d’États et de forces démocratiques qui n’en ont pas pris la mesure (en témoignent les stratégies fiscales des grands acteurs du numérique).
La mondialisation crée de nouvelles règles du jeu. Mais beaucoup n’en ont pas conscience et continuent à jouer à l’ancien jeu, ce qui peut donner l’impression que rien ne change.
Le sociologue allemand invite à s’attarder sur le contraste entre le jeu de dames et le jeu d’échecs, car il éclaire le changement des conditions de l’action collective dans un monde complexe. Dans le jeu de dames, les stratégies sont locales, lisibles d’un coup d’œil (on voit immédiatement qui gagne et qui perd), avec des pièces (les acteurs) qui se ressemblent et utilisent les mêmes armes. Dans le jeu d’échecs, on porte des coups à distance, avec des pièces régies par des règles différentes, et les stratégies sont moins lisibles. Concrètement, cela signifie : penser à long terme, prendre en compte les effets indirects et différés, ne pas hésiter à agir sur des terrains éloignés où l’on n’est pas attendu, renoncer aux résultats rapides et facilement lisibles, élaborer des stratégies multi-acteurs fondées sur des alliances entre acteurs dissemblables (en termes de valeurs, de culture, de moyens d’action...) qui partagent un objectif précis.
En 2013, suite au drame du Rana Plaza au Bangladesh (l’effondrement d’un immeuble entraînant la mort de 1138 ouvriers et ouvrières du textile), un accord, portant sur la sécurité des usines textiles au Bangladesh, a été conclu entre 150 donneurs d’ordre de différents pays – dont Carrefour, Auchan, Leclerc, Casino et Camaïeu –, les syndicats nationaux et internationaux et l’Organisation internationale du travail (OIT). Les premiers bilans tirés par les ONG soulignent des avancées (indemnisation des victimes, droit du travail), mais aussi les limites de l’accord avec des conditions de travail et des rémunérations qui restent insatisfaisantes15. Parmi les retombées importantes de cette mobilisation, il convient de mentionner la récente adoption par l’Assemblée nationale d’une proposition de loi relative au « devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d’ordre16 ». Quoi qu’il en soit, cet accord n’est mentionné ici qu’à titre de préfiguration très imparfaite d’un nouveau modèle d’action collective qui reste à inventer. Les domaines d’application ne manquent pas pour peu que la société civile mondiale décide de s’organiser face à la mondialisation des enjeux, ou qu’il se trouve des acteurs politiques assez inventifs pour faire alliance avec des forces sociales de différents pays.
Imaginer de nouvelles formes d’ingérence dans les politiques nationales au nom d’enjeux et d’intérêts qui tendent à devenir massivement transnationaux.
En ce début d’année 2017, les premières décisions de Donald Trump confèrent une actualité saisissante à l’approche cosmopolitique, comme en témoignent la multiplication des pétitions et autres actions symboliques dans plusieurs pays, en réaction, notamment, au décret sur l’immigration. Il est probable que d’autres formes d’action vont apparaître avec l’entrée en scène des grandes entreprises, des médias et des forces politiques, à l’intérieur des États-Unis et dans d’autres pays. Le concept d’action politique transnationale fournit un cadre utile pour imaginer de nouvelles formes d’ingérence dans les politiques nationales au nom d’enjeux et d’intérêts qui, de fait, tendent à devenir massivement transnationaux. Il permet d’anticiper un renforcement des synergies entre les initiatives portées par les ONG et la société civile mondiale et, d’autre part, l’action de partis politiques et de gouvernements soucieux de défendre les valeurs de la démocratie. Les objectifs du développement durable (ODD) adoptés par l’Onu en 2015 peuvent aider à orienter et à légitimer ces actions dans la sphère des institutions multilatérales. Le problème des migrations, la lutte contre le changement climatique ou encore la lutte contre l’évasion fiscale, appellent des stratégies multi-acteurs relevant de la même approche. Ces stratégies pourraient se concrétiser par des dispositifs et des formats d’action diversifiés : campagnes de communication et de plaidoyer, boycott, coalition d’intérêts et agenda sectoriels multi-acteurs, appui humain et financier à certains acteurs nationaux, accords multi-acteurs juridiquement contraignants de type Rana Plaza, actions en justice, utilisation des instruments de régulation financière au service d’objectifs écologiques et sociaux… Ainsi, aux États-Unis, les gestionnaires de fonds de pension sont tenus de gérer les sommes qui leur sont confiées en suivant la Prudent Man Rule édictée par un tribunal en 188017. En se fondant sur cette règle, des actionnaires peuvent attaquer les gestionnaires qui investissent dans les énergies fossiles avec de bonnes chances d’emporter la conviction d’un juge…18
Il n’est pas trop difficile d’imaginer le genre d’objectifs qui pourraient être mis sur l’agenda des acteurs de la politique transnationale. Par exemple : un couplage des négociations commerciales et climatiques, la création d’une taxe sur les transactions financières et d’une taxe carbone au niveau mondial pour financer les mesures d’adaptation au changement climatique, le respect des engagements pris dans le cadre de l’accord de Paris, l’élaboration d’un cadre juridique garantissant un droit à la migration économique, etc.
1 Le Grand Récit que propose de créer le philosophe Michel Serres est d’une toute autre nature : c’est le récit de l’histoire universelle depuis 15 milliards d’années qui replace l’histoire humaine dans l’histoire de la vie et de l’univers. Ce n’est pas un récit politique.
2 H. Jonas, Principe responsabilité, Flammarion, 1990 [The Imperative of Responsability, 1979].
3 L’action n’est jamais un pur moyen au service d’un but fixé, elle implique une interaction permanente et créative avec ce but. Cf. Hans Joas, La créativité de l’agir, Le Cerf, 1999 et mon livre De la société comme monde commun, Desclée de Brouwer, 2003 dont vous trouverez la recension ici.
4 Qui, pour René Girard, n’est qu’un avatar de l’institution sacrificielle. Mais qui a pour effet de la rationaliser et d’en révéler le mécanisme.
5 Ce qu’illustre notamment la propension à mettre les victimes au cœur du processus judiciaire. Cf. « Quels pouvoirs ont les victimes », Revue Projet n° 340, 2015 [NDLR].
6 Même le djihadisme n’y échappe pas. Pour enrôler les combattants, on commence par les convaincre qu’ils sont des victimes.
7 Cf. Stéphane Vinolo, « La majorité contre la foule », Cités n° 53, 2013 : « Il faut noter là la pertinence de l’analyse girardienne. Cette position privilégiée de la victime et de sa violence est aujourd’hui particulièrement visible dans la ’concurrence victimaire’ qui vise à établir une véritable hiérarchie des victimes entre les groupes ayant subi de grandes violences au cours de l’Histoire. Ces débats sont le symptôme politique le plus visible d’un renversement du statut de la violence dans une ère post-révélation ».
8 Cf. Jean-Pierre Dupuy, Le Sacrifice et l’envie. Le libéralisme aux prises avec la justice sociale, Calmann-Lévy, 1992.
9 Ce dont témoigne le prix Nobel d’économie attribué à Elinor Ostrom, en 2009. Cf. E. Ostrom, La gouvernance des biens communs. Pour une nouvelle approche des ressources naturelles, De Boeck, 2010.
10 L’échec annoncé de l’unilatéralisme agressif de Donald Trump en fournira une illustration, espérons-le, pas trop lointaine.
11 Cf. Les Convivialistes, Manifeste convivialiste. Déclaration d’interdépendance, Le bord de l’eau, 2013. <www.lesconvivialistes.org/pdf/Manifeste-Convivialiste.pdf>
12 Laudato si’, §23 [NDLR].
13 Laudato si’, §231.
14 Il est significatif que certains États essaient de se prémunir contre ce genre d’ingérence. Cf. « Un nombre croissant d’États interdisent aux organisations non gouvernementales de recevoir de l’argent d’autres pays », The Economist repris par Courrier International, 20 novembre 2014. < www.courrierinternational.com/article/2014/11/20/ong-haro-sur-les-donateurs-etrangers>
15 Voir le dossier de presse du collectif Éthique sur l’étiquette, « Rana Plaza, 3 ans déjà », 21 avril 2016.
16 Adopté définitivement par l’Assemblée nationale le 21 février 2017
17 Qui enjoint ces « trustees » « to observe how men of prudence, discretion and intelligence manage their own affairs, not in regard to speculation, but in regard to the permanent disposition of their funds, considering the probable income, as well as the probable safety of the capital to be invested. »
18 Des plaintes seraient d’ores et déjà en cours d’instruction. Cf. le rapport Sustainability and Risk : Climate Change and Fiduciary Duty for the Twenty-Firs Century Trustee, Harvard University, septembre 2004.