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L’individu ne peut vivre sans attaches et il passe sa vie à s’attacher - ou à se rattacher après une rupture : à sa famille tout d’abord, mais aussi à ses proches, à sa communauté ethnique ou religieuse, à ses collègues de travail ou à ses pairs, aux personnes qui partagent les mêmes origines géographiques, sociales ou culturelles, et bien entendu aussi aux institutions de son pays de naissance ou de celui dans lequel il a choisi de vivre. Autrement dit, l’homme est anthropologiquement solidaire, il ne peut vivre sans ces attachements multiples lui assurant à la fois la protection face aux aléas du quotidien et la reconnaissance de son identité et de son existence en tant qu’être humain.
Mais que signifie vraiment l’attachement dans une société d’individus autonomes ? Durkheim consacra sa vie à essayer de répondre à cette question qu’il formulait dès 1893, dans sa thèse sur la Division du travail. Pour y répondre, il faut partir de la définition qu’il donne de la morale : « Est moral, peut-on dire, tout ce qui est source de solidarité, tout ce qui force l’homme à compter sur autrui, à régler ses mouvements sur autre chose que les impulsions de son égoïsme, et la moralité est d’autant plus solide que ces liens sont plus nombreux et plus forts ». Selon lui, la société est la condition nécessaire de la morale : « Elle n’est pas une simple juxtaposition d’individus qui apportent, en y entrant, une moralité intrinsèque ; mais l’homme n’est un être moral que parce qu’il vit en société, puisque la moralité consiste à être solidaire d’un groupe et varie comme cette solidarité1 ».
C’est l’attachement aux groupes et à la société qui fonde la morale. Non la liberté, mais l’état de dépendance qui contribue à f
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